Si, en 1982, j'ai proposé au ministre de la culture de « basculer » la gestion des archives départementales du côté des conseils généraux et non du côté des préfectures, c'est que je savais combien les élus locaux étaient capables de faire preuve d'un grand sens des responsabilités. Compte tenu des efforts accomplis dans ce domaine, ils devaient avoir prise sur les questions mémorielles. J'ai constaté moi-même leur dynamisme.
S'agissant de la commémoration de la guerre d'Algérie, certains considèrent que le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, est une victoire contre le colonialisme, d'autres, une défaite de la France. Sur les douze fédérations d'anciens combattants présentes à la commission chargée de faire une proposition au Gouvernement, une s'est abstenue, une a voté contre et les autres, qui représentent 70% des anciens combattants, ont voté pour la date du 5 décembre qui n'est certes pas une « date historique », mais pas plus que ne l'est le 14 juillet – qui n'est pas la date de la prise de la Bastille mais celle de la fête de la Fédération et donc de la monarchie constitutionnelle. L'identification du 14 juillet et de la fête nationale républicaine est néanmoins acquise. D'un autre côté, il est notable que deux dates fondamentales de la République ne sont jamais fêtées : les 4 et 21 septembre, dates respectives de la création de la Troisième République et de la fondation de la République. Une date ou une fête deviennent ce que les peuples en font.