Je conteste l'idée selon laquelle l'historien ne serait pas un juge. Si le scientifique cherche à établir la vérité à partir de lois universelles, l'historien, lui, cherche comme le juge à établir des faits à partir d'une enquête. Dans Histoire et Vérité, Paul Ricoeur a bien montré les limites de l'objectivité de l'historien, lequel sélectionne les faits, les causes et les effets, mais aussi éprouve de l'aversion ou de la dilection pour ce dont il traite. L'Histoire, qui est fondée sur l'interprétation, n'est pas une science dure. Si l'on peut tendre vers la vérité historique lorsque l'on dispose du recul et des archives nécessaires, comment admettre que l'histoire de la France en Afrique du Nord soit par exemple résumée sur une seule page dans un manuel scolaire ?