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Intervention de Jacques Myard

Réunion du 5 novembre 2008 à 9h00
Commission élargie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Nous ne pouvons pas accepter un débat « croupion », cadenassé et caporalisé en séance publique, avec un temps de parole restreint. Je m'en expliquerai d'ailleurs à l'occasion d'un rappel au règlement. Il est inadmissible que l'on limite ce débat essentiel compte tenu de la situation internationale actuelle.

J'en viens à l'outil de notre politique étrangère. Ce budget n'est pas bon, car le Quai-d'Orsay a déjà perdu 1 000 postes de catégorie A depuis dix ans. En ce sens, il y a déjà eu une revue générale des politiques publiques au ministère des affaires étrangères ! Ne rabotons pas encore ce qui a déjà été raboté hier. Quand on en arrive au niveau quantitatif actuel, un problème qualitatif se pose : voulons-nous exister sur la scène internationale, ou bien souhaitons-nous tirer l'échelle et disparaître de l'Histoire ?

Nous devons au contraire préserver notre outil diplomatique. À ce titre, il y a des incohérences dans le Livre blanc : il est question de service universel, et dans le même temps, il faudrait catégoriser les ambassades selon leur importance. Ce serait une faute diplomatique et une faute politique. Nous devons tenir notre rang dans le monde !

En ce qui concerne les méthodes, je ne peux accepter le principe d'ambassades franco-allemandes, ou franco-tartampionnes. Nos ambassades ont pour mission de défendre nos propres intérêts, et non des intérêts multiples. Cette réforme est en outre anticonstitutionnelle, car un avis du Conseil d'État rappelle que les ambassadeurs relèvent directement du Chef de l'État : ils ne sauraient donc être également placés sous une autorité étrangère.

Il faut arrêter la confusion des genres et maintenir nos ambassades ! Nos intérêts ne sont pas ceux des Allemands, ni des Britanniques. Ne laissons à personne d'autre que nous le soin de défendre nos intérêts !

Quant au développement du multilatéralisme, son inconvénient est de réduire la visibilité de notre action, notamment dans le domaine de l'aide publique au développement. Il faut donc en revenir à un bilatéralisme actif.

S'agissant maintenant de la politique étrangère de la France en tant que telle, nous avons tenu notre rang en Syrie, en Géorgie, au Proche et au Moyen-Orient, mais aussi face à la crise financière internationale. C'est que nous avons bénéficié d'une présidence active, qui a « tiré » les autres pays européens, au lieu de se mettre à leur remorque, et qui est passée outre à toutes les procédures oiseuses d'une Commission européenne totalement décalée.

Nous avons ainsi constaté que la France est entendue lorsqu'elle s'exprime, et qu'elle peut entraîner les autres. Au demeurant, chacun connaît la solution : plus la France est indépendante, plus l'Europe l'est également, et moins elle est indépendante, plus l'Europe est américaine, voire absente. Nous devons donc préserver coûte que coûte notre indépendance. Vous qui êtes la voix de la France, monsieur le ministre, vous devez vous exprimer en toute indépendance.

C'est d'ailleurs pour cette raison que le retour au sein de l'OTAN est une faute diplomatique. Il ne s'agit pas d'un problème strictement militaire, car nous sommes aujourd'hui en mesure de coopérer « à la carte » avec qui nous le souhaitons. Comme l'indiquait l'ancien secrétaire à la défense américain Donald Rumsfeld, pour une fois avec raison, c'est la mission qui commande la coalition, et non l'inverse. Nous n'avons donc aucun besoin de revenir au sein de l'OTAN. En revanche, nous perdrons toute crédibilité dans le monde, car cela suscitera la confusion, les États-Unis restant ce qu'ils sont, n'en déplaise à leur nouveau Président.

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