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Intervention de Jean-Claude Viollet

Réunion du 10 septembre 2008 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Viollet :

Évoquant la coalition et ses difficultés, vous avez, mon général, cité Clausewitz, pour préciser nous ne nous retrouvons pas dans un environnement de ce type. Mais que pensez-vous de la coalition ennemie ? La présentation qu'en font nos alliés américains est celle de la lutte du bien contre le mal. À mon avis, cela ne correspond pas à la réalité des choses. Nous sommes face une coalition : aux nostalgiques du régime abattu en 2001 et aux djihadistes d'Al-Qaïda – qui, pour un certain nombre d'entre eux, ne sont pas afghans – viennent s'ajouter quelques seigneurs de la guerre au fonctionnement féodal bien connu. Parmi ceux-ci figure Hekmatiar, dont les liens avec les services pakistanais ne sont peut-être pas aussi distendus que cela. Si je cite ce personnage, c'est qu'il a été dit ici ou là qu'il pourrait ne pas être totalement étranger à une intervention située dans sa zone d'influence, compte tenu de ses visées sur Kaboul. N'oublions pas que les élections présidentielles auront lieu l'année prochaine et les élections législatives l'année suivante ! Ni le président Karzaï ni nos alliés américains ne consentiront à évoquer l'existence d'une telle coalition. Pour autant, qu'en pensez-vous ? Je n'attends pas de vous une réponse politique, mais une appréciation de militaire avisé, qui permette aux parlementaires que nous sommes de prendre leurs responsabilités. Et je fais référence ici à ce qui a été fait avec le Hamas à Gaza. Dans la population musulmane, les djihadistes sont ultra-minoritaires, ce qui n'est pas le cas des islamistes. Faute de pouvoir obtenir une victoire totale, un jour, la négociation devra s'imposer. Pour sortir de la crise, il faut savoir ce que nous cherchons.

Ma deuxième question porte sur les moyens déployés par rapport aux besoins. Le nombre de nos hélicoptères, par exemple, est déficitaire. Je pense en particulier aux Tigre, en très petit nombre au sein de nos forces. Ne pourraient-ils être déployés dans leur première version ? Quel est votre avis sur ce point, notre président ayant parlé de renforcer nos moyens avec quelques Caracal ?

Quant aux drones, nous savons que certains sont disponibles. Pourquoi ne sont-ils pas déployés ? Et si nous avons besoin de drones, pourquoi n'avons-nous pas recours, comme d'autres forces présentes sur le terrain, à la location ?

Je ne reviendrai pas sur les blindés.

Pour conclure, le Livre blanc fait expressément référence aux crash programs, qui correspondent à l'urgence d'une intervention à l'extérieur. Hier, lors des universités d'été de la défense, j'ai indiqué qu'il nous faudrait prendre la responsabilité politique de dire au Gouvernement que s'il en était besoin, les acquisitions et locations de matériel devaient être faites sur la ligne budgétaire consacrée aux OPEX. De deux choses l'une : ou bien l'on considère qu'il y a des besoins en Afghanistan, et on les satisfait par ce biais, ce qui permet à nos forces de remplir leur mission ; ou bien on ne les satisfait pas, et il ne faut pas envoyer de forces ! Mais ce n'est pas de votre responsabilité, mon général : c'est notre responsabilité de parlementaires, et c'est la raison pour laquelle je tenais à évoquer ici ces deux points.

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