Les tragiques événements des 18 et 19 août ont provoqué beaucoup d'émotion dans le pays – en particulier dans la ville de Castres. L'opinion a été surprise, parce que beaucoup ont découvert à ce moment que la nature de notre engagement en Afghanistan avait changé. Cette guerre contre-insurrectionnelle n'a pas commencé le 18 août ; elle dure depuis des années, mais, auparavant, nous n'étions pas en première ligne. Aujourd'hui, nous y sommes, à l'instar d'autres membres de l'Alliance – Anglais, Américains, Canadiens ou Hollandais. Notre statut au Conseil de sécurité de l'ONU implique en effet un certain nombre de droits, mais aussi de devoirs, que notre présence en première ligne est sans doute une façon d'assumer.
Il est clair que nous devons nous interroger sur la nature de notre engagement, mais aussi sur les équipements attribués à nos soldats sur le terrain, qui ne sont d'ailleurs pas les mêmes selon qu'il s'agit des forces spéciales ou d'unités plus conventionnelles. Jugez-vous les équipements adaptés aux opérations ? Des efforts importants ont été accomplis en ce domaine, mais sont-ils suffisants ?
Compte tenu de notre engagement en Afghanistan et de la nature du conflit, on peut craindre que l'opération du 18 août ne soit pas la dernière dans laquelle nous laisserions des hommes sur le terrain. Ma question concerne la façon dont notre pays « encaisse » ces pertes. Je pense, non au discours fait avec à-propos par le Président de la République aux Invalides, mais à la visite des familles, qui aura lieu dans quelques jours. En tant que chef d'état-major des armées, que pensez-vous de cette visite ? Considérez-vous qu'un précédent est créé, et qu'il faudra agir de même chaque fois que des hommes tomberont sur le théâtre des opérations ? Dans le cadre de la guerre des opinions à laquelle nous assistons, notre position ne risque-t-elle pas de s'en trouver fragilisée ? Nos ennemis ont en effet appris à maîtriser l'arme de l'émotion, comme le prouve la publication récente de certaines photos dans un hebdomadaire.