Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de François de Rugy

Réunion du 9 juin 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement préalable au conseil européen et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Comment s'étonner que nos concitoyens n'aient plus envie d'aller voter si rien ne change quand ils votent ? Ce n'est pas le discours d'autosatisfaction de M. Sarkozy – un de plus – que nous avons entendu ce matin qui changera quoi que ce soit à la donne. Il faut changer de politique européenne et, pour cela, il faut changer ceux qui la conduisent à la Commission européenne.

Le prochain sommet des chefs d'État et de gouvernement pourrait être une réunion comme une autre, une grand-messe de plus, qui viendrait clore une présidence médiocre, comme l'Europe en a malheureusement tant connu, caractérisée par une absence de volonté politique et une relative passivité devant la crise que nous vivons.

Mais à Bruxelles, les 18 et 19 juin prochains, il sera question d'autre chose : c'est de l'essence même de l'Europe qu'il sera question, et de sa capacité à écouter les Européens. D'abord parce que la situation économique et sociale, fruit de la crise, impose un sursaut. Près de 21 millions d'Européens sont désormais touchés par le chômage, soit 4,6 millions de personnes de plus qu'un an auparavant. L'activité économique de l'Union européenne est d'ailleurs, ce trimestre, en baisse de 4,5 % par rapport à l'année dernière – une contre-performance deux fois plus importante qu'aux États-Unis sur la même période.

Au-delà de ce contexte économique dramatique, susceptible de remettre en cause la cohésion sociale de notre Union, et qui pose la question de la mondialisation non maîtrisée, la réalité politique est là. Elle doit nous conduire à une révision profonde de nos politiques. Celle-ci doit, selon nous, reposer sur trois piliers : la régulation du marché, la cohésion sociale et la transformation écologique de notre économie.

La semaine dernière, 375 millions d'Européens étaient appelés à élire leurs représentants au Parlement européen. Ce qui aurait dû être un exercice démocratique de grande ampleur s'est malheureusement mué en une manifestation d'indifférence et de désappointement : au rendez-vous de l'Europe, il a manqué 214 millions d'Européens, soit 57 % des électeurs de nos 27 pays ! Que le président en titre de la commission européenne, José Manuel Barroso, ait osé déclarer, par la voix de son porte-parole, que ce vote avait fait émerger « un large soutien à l'orientation générale de l'Europe » en dit long sur la déconnexion de la réalité qui caractérise la Commission sortante, sur laquelle le gouvernement français aura à se prononcer pour la reconduire ou non.

À la veille d'une décision aussi essentielle, il n'est sans doute pas inutile de tirer quelques leçons de l'expérience récente car, à la lumière des événements de ces derniers mois, et notamment depuis que la crise financière a éclaté, les qualités attendues d'une Commission européenne et de son président se sont singulièrement précisées. Chacun conçoit aisément que l'alternance des présidences du Conseil puisse conduire à une certaine confusion, voire à une certaine incohérence dans le pilotage politique de l'Union européenne. Ce qui était peut-être nécessaire au commencement de l'aventure qu'est la construction politique de l'Europe n'est sans doute plus adapté au monde d'aujourd'hui.

Chacun a pu mesurer à quel point il serait illusoire de vouloir créer une sorte de directoire permanent de l'Union, à quel point il serait présomptueux de laisser quelques individus – a fortiori un seul – incarner l'Union, fussent-ils chefs d'État ou de gouvernement. Chacun a également pu mesurer à quel point il est faux de prétendre que ce que l'on veut, on le peut, dès lors que ne sont pas réunies les conditions minimales de collégialité dans les décisions et de respect de nos partenaires européens. Ce n'est pas parce que Nicolas Sarkozy veut que l'Europe peut. Cette prétention et cette arrogance desservent la France. Cette prétention et cette arrogance desservent l'Europe.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion