J'ai trouvé les dernières interventions fort intéressantes. M. Luca, vos propos ont bien illustré la question du temps. Il y a un temps pour tout. Aujourd'hui, si je n'étais pas en poste depuis sept mois, je ne ressentirais sans doute pas l'extrême sensibilité des associations, composées pourtant de membres éminemment respectables. La sensibilité n'est plus la même pour la guerre de 1870 que pour la guerre d'Algérie. Le temps n'efface pas la réalité historique, mais la dimension affective prend un autre tour.
Je suis clairement opposé à la création d'un Memorial Day. Il faut tenir compte de la sensibilité actuelle du monde combattant. Ne pas le faire serait une erreur politique grave, même au regard de nos objectifs de cohésion nationale. Les gens qui s'intéressent à ces questions partagent entre eux des valeurs beaucoup plus proches qu'avec ceux qui y sont indifférents et qui devraient pouvoir être intéressés.
Le Souvenir Français est une des pistes d'avenir. Pour l'essentiel, il s'autofinance. Les responsables se sont beaucoup renouvelés et ils ont une vision très moderne de leur rôle. La vente du Bleuet de France a vocation à perdurer et peut être fortement porteuse de sens. A nous de savoir le lui donner, avec les associations qui le font vivre, une dimension symbolique au-delà de la guerre de 1914-1918.
M. Gremetz, vous avez parlé de douze commémorations nationales. Et vous voudriez en créer deux de plus, celle du Conseil national de la Résistance (CNR) et celle du 19 mars ? Vous illustrez mon propos aux termes duquel on pourrait créer des temps forts de la geste de la République sans forcément rajouter des commémorations officielles.
J'ai assisté aux congrès de la Fédération nationale des anciens combattants (FNACA) et de l'Union nationale des combattants (UNC), qui défendent chacune une date différente. Je me suis mis dans les pas de mon prédécesseur, Alain Marleix, qui a envoyé des instructions pour que chaque date puisse, tant qu'elle est portée, vivre sa vie. En 2002, j'avais donné ma position lors du vote ; mais je pense qu'on a suivi la voie de la sagesse.
Je crois beaucoup à la dimension éducative. Une convention avec le ministre de l'éducation nationale va être signée le 6 novembre à Péronne, ville symbolique, pour renforcer encore l'action envers les scolaires.
Le 11 novembre prochain, nous n'oublierons pas la Somme.
Le quatre-vingt-dixième anniversaire de l'Armistice sera très international. Je suis allé sur le front d'Orient : à Thessalonique, à Belgrade, à Skopje. C'est faire de la politique que dialoguer ainsi avec des pays qui n'étaient pas, il y a peu, dans l'Europe de la paix.
J'ai aussi remis la Légion d'Honneur à Washington au dernier participant américain de la Première Guerre mondiale. Il était brancardier. Il avait 17 ans.
Mme Pau-Langevin a évoqué la bataille de Monte Cassino. C'est tout le corps expéditionnaire commandé par le Maréchal Juin qui a été injustement oublié. Un travail d'histoire, de mémoire, de commémoration doit être fait sur cet endroit terrible. Il y a encore beaucoup de survivants.
Il faut faire vivre le souvenir des dissidents, de la lutte contre Vichy aux Antilles. Allons sur place réparer cet oubli et renforcer la mémoire partagée ; mais il n'est pas besoin de grandes dates de commémorations nationales pour cela.
Le budget de 2009 n'est pas si mauvais. Des parlementaires se sont déjà mobilisés pour qu'il soit le meilleur possible, notamment sur des points symboliques comme la retraite du combattant.
J'ai répondu sur le poids de l'affectif, qui est apparu en filigrane dans l'ensemble de vos interventions. Je crois que vous avez tous intégré l'idée qui m'est chère sur ce qui fait lien dans notre pays, et nous permet de nous rassembler pour affronter un certain nombre de défis et de dangers. Ces questions ne sont pas « ringardes » et passéistes mais importantes. Pour les transmettre, nous disposons de moyens modernes et de la capacité de démultiplication de l'école. Quand on parle aujourd'hui aux jeunes adultes des combattants de la Grande Guerre, c'est-à-dire de jeunes gens de leur âge, qui se sont battus ou qui sont morts pour défendre des valeurs qui nous permettent aujourd'hui de vivre en liberté, cela ne les laisse pas indifférents.
Je recevrai les parlementaires membres de la mission d'information le 6 novembre pour présenter les conclusions du rapport de la commission Kaspi, en présence du professeur Kaspi. Nous pourrons échanger encore sur ces questions. Je suis attentif à ce que les travaux de votre mission et ceux de la commission Kaspi ne se téléscopent pas. Nous agirons de façon harmonieuse par rapport à votre travail, qui prime.
Si le président de l'Assemblée nationale et le groupe de travail en sont d'accord, une séance de l'Assemblée nationale, avant le 11 novembre, pourrait être organisée où tous les participants porteraient le Bleuet.