A ce stade de nos travaux, les éléments s'éclaircissent. On voit que les grandes institutions officielles peuvent piloter les grandes dates, les grandes manifestations qui ont une valeur pour l'ensemble de la nation. Ce sont ces grandes dates qui doivent être définies par le Parlement.
Et puis il y a les autres moments, ceux qui ont une importance pour telle ou telle partie de la nation. Le travail gouvernemental est sans doute de soutenir ces manifestations, qui sont organisées par ces groupes.
Je n'ai pas le sentiment que des commémorations demandées par tel ou tel groupe aient fait l'objet de contestations ou de perturbation par d'autres groupes. Le cimetière du Père-Lachaise relève de ma circonscription. Les commémorations s'y suivent chaque semaine: souvenir des anciens de Birkenau, combattants étrangers en France, sans oublier le mur des fédérés où se succèdent sans heurts anarchistes, communistes, socialistes.
Je me demande si notre crainte qu'en développant les commémorations, on développe les oppositions entre groupes est vraiment fondée. Mon impression est plutôt qu'il y a des groupes qui ont été oubliés. La cérémonie de Reims est une très bonne idée. Des Antillais, qu'on appelle les « dissidents », ont quitté les Antilles par bateau pour rejoindre le général de Gaulle ; ils ont combattu à Monte Cassino, où beaucoup ont été tués. Certains s'y sont rendus, individuellement, en pèlerinage. Ils ont pu constater qu'ils avaient été complètement oubliés.
Quand certains demandent qu'on se souvienne de leur sacrifice, ils ne demandent pas qu'on oublie d'autres personnes qui ont mené d'autres combats.
Une cérémonie comme celle de Reims, en évoquant ce type de combattants, sera peut être de nature à répondre à la préoccupation de notre collègue Vanneste. Certains jeunes ne trouvent peut-être pas leur place dans l'espace républicain parce qu'une partie de ce qu'ils représentent ou le sacrifice de leurs ancêtres ont été oubliés. Ce faisant on contribuera à ce que la Marseillaise soit davantage reprise parce que leur passé dans l'histoire de notre pays sera davantage connu.
Par ailleurs certaines associations d'anciens combattants ont trouvé que leur mémoire et le budget de votre ministère étaient particulièrement maltraités par rapport à leurs attentes et à l'importance de certains combats.