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Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 25 mars 2009 à 9h30
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Ayrault :

Monsieur Pérol, vous avez des formules étonnantes : la nouvelle entité avait besoin d'un « homme neutre », avez-vous dit, assurant qu'il y avait « urgence » à le nommer ! Je souhaiterais que vous répondiez précisément à mes questions. Elles vous ont déjà été posées, mais vous n'y avez jamais répondu.

La Commission de déontologie ne s'est pas réunie. Seul son président a donné un avis à titre personnel. Je comprends la réaction des membres de cette commission car la situation est tout de même incongrue. Mais une commission, c'est une commission : elle ne se réduit pas à son président.

Auparavant, je vous remercie du développement que vous avez consacré à la crise – la Commission des finances en avait sans doute besoin…

Je rappelle que le Président de la République, dont vous étiez le conseiller il y a encore quelques jours, fait de longs discours – à Toulon, et hier encore à Saint-Quentin – sur la gravité de la crise, justement. Nous avons eu droit, à deux reprises, à un cours de morale sur le capitalisme, appelant à la régulation, à la transparence. Et voilà que M. le secrétaire général adjoint de l'Élysée se retrouve patron d'une banque !

Monsieur Pérol, pouvez-vous nous confirmer que vous avez travaillé sur le dossier de la banque Ixis durant les années 2002, 2003 et 2004, quand vous étiez à Bercy, auprès de M. Francis Mer ? Pourquoi n'avez-vous pas respecté la décision de la Commission de déontologie quand vous avez quitté le cabinet du ministre des finances pour rejoindre la banque Rothschild, qui n'a pas elle-même respecté les règles éthiques en conseillant dans le même temps la Caisse des dépôts et les Banques populaires ?

Vous venez de déclarer que vous n'étiez pas « en charge de l'ensemble des affaires économiques et financières de ce pays ». Vous non, mais le Président de la République, lui, l'est. Et vous étiez son conseiller, c'est-à-dire que vous étiez informé. Pouvez-vous affirmer que vous n'avez pas donné d'avis au Président de la République sur le dossier des Caisses d'épargne et des Banques populaires ? Serait-ce crédible, alors que vous avez convoqué les patrons de ces deux banques dans votre bureau et que vous avez travaillé au plan de sauvetage du système bancaire français, même si vous dites que le Président de la République n'est pas l'autorité compétente ? Certes, le Président de la République n'est pas ministre des finances, ni Premier ministre, mais tout le monde sait comment cela marche ! J'ai moi-même été invité à l'Élysée avec les autres présidents de groupes pour la présentation du plan de sauvetage du système bancaire français : c'était bien le Président de la République qui, non seulement présidait, mais qui animait et conduisait la réunion. Il revendiquait d'avoir pris lui-même les décisions pour Dexia. Sur le plan juridique, l'autorité compétente n'est peut-être pas le Président de la République, mais c'est lui le patron ! En plus, vous ne dites pas la vérité puisque vous avez été associé pleinement à la préparation du projet de sauvetage des banques !

Je souhaite, au nom de mon groupe, avoir des réponses précises à ces questions, monsieur Pérol. Sinon, comment voulez-vous que les citoyens aient confiance ? Derrière les intérêts de l'État que nous défendons, il y a les contribuables et des citoyens qui s'interrogent sur ce qui sépare un discours cynique, et même hypocrite, d'une réalité de plus en plus insupportable.

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