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Intervention de Christian Gaudin

Réunion du 3 mars 2009 à 17h00
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Christian Gaudin, sénateur :

après avoir rappelé que la compétition internationale se jouait au niveau des grands ensembles continentaux, et donc au niveau européen pour la France, s'est interrogé sur le lien entre la stratégie nationale de recherche en énergie, et l'organisation de l'effort de recherche au niveau communautaire.

A la suite de ces différentes observations, les rapporteurs ont apporté les éléments de réponse suivants :

- le besoin d'une nouvelle vague d'électrification a bien été évoqué dans le rapport, celle-ci passant notamment par les progrès de l'énergie photovoltaïque pour permettre la mise au point des bâtiments à énergie positive, et le développement des véhicules électriques ;

- s'agissant du stockage d'énergie, le rapport aborde l'ensemble des questions technologiques liées à des problématiques industrielles de moyen terme : d'un côté, les batteries au lithium rechargeables, dont le potentiel n'est pas encore complètement exploité, mais n'est pas non plus illimité, ce qui justifie les travaux sur les véhicules hybrides rechargeables (« plug-in ») ; de l'autre côté, les dispositifs de stockage d'énergie de masse, comme les atolls artificiels, qui sont susceptibles de fournir une réponse adaptée à l'intermittence de l'énergie éolienne ;

- s'agissant des projets des constructeurs automobiles dans le domaine des véhicules électriques, la protection du secret industriel généralement opposée, constitue un obstacle aux pouvoirs d'investigation des rapporteurs ;

- en ce qui concerne les biocarburants, M. Claude Birraux a signalé qu'une audition publique organisée le 1er octobre 2008, et dont le compte rendu est inclus dans le rapport, a permis de faire justice des accusations relatives à l'effet d'éviction vis-à-vis des productions alimentaires, puisque les surfaces arables mobilisées restent marginales, globalement à l'échelle du monde, et spécifiquement aux Etats-Unis ou en Europe. Le rapport fait le point sur les différentes filières de deuxième génération, en soulignant l'intérêt à plusieurs titres du projet de BtL sur le périmètre de Bure. Lors de l'audition du 1er octobre, le dialogue avec un spécialiste de l'IFREMER a permis d'établir que la filière de troisième génération basée sur l'exploitation des algues n'ouvrait pas pour l'instant des perspectives de production de masse. M. Christian Bataille a ajouté que la piste technologique des algues fait partie des énergies marines que le rapport s'est attaché à mettre en valeur, car elles correspondent à un atout naturel de la France, qui dispose du deuxième domaine public maritime du monde. Si toutes les énergies marines ne sont pas forcément de bonnes idées, car elles supposent souvent une très lourde mise en oeuvre, et le démonstrateur resté sans suite de l'usine marémotrice de la Rance en porte témoignage, aucune ne doit être écartée dans le cadre d'une réflexion sur une stratégie de recherche ; du reste, certains acteurs européens, les Ecossais, les Portugais, semblent avoir pris un peu d'avance dans ce domaine.

- le rôle potentiel des sciences sociales dans le domaine de la recherche en énergie a été d'emblée pris en compte, puisqu'une professeure de sociologie de l'Université de Genève a été désignée membre du comité de pilotage ;

- à propos de la technologie de captage et stockage du gaz carbonique, les rapporteurs ont rappelé leur préoccupation qu'elle ne serve pas de prétexte à une relance en France de la construction des centrales thermiques à gaz. M. Claude Birraux a rappelé que le rapport de l'OPECST de mars 2006 sur les nouvelles technologies de l'énergie et la séquestration du gaz carbonique avait évoqué la difficulté technique de la résistance des ciments ; il a insisté sur la nécessité, en tout état de cause, de lancer un programme de recherche sur la valorisation industrielle du dioxyde de carbone afin de l'utiliser à la production de carburants artificiels ou de produits chimiques. M. Christian Bataille a observé que cette technologie devrait encore faire ses preuves, mais surtout qu'elle devrait normalement bénéficier d'un soutien plus appuyé dans les pays comme l'Allemagne dépendant encore fortement des ressources fossiles pour leur approvisionnement énergétique ;

- s'agissant du lien entre la stratégie nationale et la recherche communautaire, M. Claude Birraux a indiqué que le rapport préconisait un alignement de l'effort français de recherche sur les besoins de la coopération européenne dans deux domaines : la pile à combustible, et le captage et stockage du gaz carbonique.

Au terme de la réunion, M. Christian Bataille a rappelé que l'objet de l'évaluation concernait la recherche, et que celle-ci avait pour enjeu de dégager les nouvelles solutions technologiques qui viendraient compléter les sources énergétiques déjà exploitées pour faire face aux besoins de l'avenir. Le propos n'était pas de se substituer au Gouvernement pour définir la stratégie, mais de veiller à ce que toutes les pistes pertinentes soient explorées, quitte à ce que certaines se révèlent à l'expérience comme non viables à grande échelle. L'important est que la prochaine stratégie bénéficie d'une plus grande cohérence, et ne soit pas que l'addition des programmes des organismes de recherche. Car, actuellement, sauf dans le domaine nucléaire, une stratégie nationale de recherche dans le domaine de l'énergie fait encore défaut et se résume à une juxtaposition des efforts de recherche publics et privés.

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