Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, lors de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait promis que, s'il était élu, il serait le président du pouvoir d'achat et de la croissance économique retrouvée.
Je ne pourrai lui reprocher de lier les deux car s'il y a bien un point sur lequel nous pouvons nous accorder, c'est qu'on imagine mal une augmentation du pouvoir d'achat sans croissance et création de richesses comme on imagine mal une croissance satisfaisante sans contribution du pouvoir d'achat. Selon M. Emmanuelli, près de 70 % du pouvoir d'achat est la contrepartie de la croissance économique du pays. Mais pour le reste, de réelles divergences nous séparent.
Qu'en est-il de la croissance de notre pays ? Qu'en est-il du pouvoir d'achat de nos concitoyens, quel que soit leur statut : actif ou retraité, salarié ou non-salarié ?
Pour 2007, la croissance, c'est une longue histoire qui risque de mal finir. La majorité de la législature précédente a voté en loi de finances initiale un budget fondé sur une prévision de croissance de 2,5 %. Cet été, ce taux a été ramené à 2 %. Et tout indique, en dépit des protestations ancrées dans la foi la plus solide de Mme Lagarde, qu'il se situera en réalité à 1,8 %, autrement dit, une nouvelle fois depuis 2002, la croissance française sera nettement inférieure à celle de la zone euro.
C'est déjà un échec pour cette majorité qui se succède à elle-même et qui, pendant la campagne électorale, avait fait de la hausse du pouvoir d'achat et de la croissance économique des objectifs prioritaires. Ils ne sont pas atteints et nous le déplorons : c'est donc une déception pour tout le monde.
Il importe donc d'en comprendre les raisons. Plusieurs hypothèses ont déjà été évoquées à l'occasion de ce débat comme à l'occasion des réponses faites par les membres du Gouvernement lors des séances des questions.
Faut-il y en chercher la cause dans la conjoncture mondiale ? Oui, en partie. La chose était d'ailleurs prévisible. Et si gouverner, c'est prévoir, reconnaissons que les prévisions nécessaires n'ont pas été faites par ceux qui nous dirigent, en dépit de multiples avertissements, adressés sur tous les bancs. À cet égard au moins, les pouvoirs publics de notre pays sont fautifs.
Pardonnez-moi cette remarque, mais le rôle d'un ministre de l'économie et des finances est-il de se borner à attendre de voir si la croissance de son pays atteint un niveau satisfaisant, eu égard à la conjoncture mondiale ? Les politiques publiques me semblent avoir un rôle à jouer. Autrement comment expliquer qu'à incidence de la conjoncture mondiale égale, la France est, depuis 2002, en dessous du taux de croissance moyen de la zone euro, quand des pays comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et, bien sûr, l'Espagne, sont constamment au-dessus.
Les politiques publiques ont un rôle à jouer : il me paraît donc légitime, monsieur le secrétaire d'État et chers collègues de la majorité, de chercher les causes de l'échec de cette fin d'année dans votre politique.
La conjoncture mondiale est sans doute une explication, mais, comme l'a observé M. Cochet, gouverner, c'est prévoir. Reconnaissons que les leçons de 2007 n'ont visiblement pas été tirées pour 2008. J'en veux pour preuve le fait que le projet de loi de finances initiale récemment adopté par notre assemblée repose, avant même son examen par la commission mixte paritaire, sur des paramètres économiques obsolètes. M. Cochet le rappelait : le budget est bâti sur un prix du baril de brent à 73 dollars alors qu'il atteint aujourd'hui 100 dollars, et sur une parité plaçant l'euro à 1,27 dollars, alors qu'il approche les 1,50 dollars.