Certains ont formulé leur crainte que les élèves, des jeunes enfants aux adolescents, soient accablés par une vision sinistre et dure de l'histoire. C'est tout à fait juste. Il est évident que la confiance et la valeur positive du savoir sont importantes. C'est pourquoi, dans la mission que j'ai conduite sur l'enseignement de la Shoah – vous le constaterez dans la brochure qui sortira à la rentrée – nous avons fait une grande place aux enfants sauvés, aux Justes, à la vie et à la culture juives. Il ne faut pas émasculer l'histoire ; elle est ce qu'elle est, il faut la garder dans sa vérité. Mais il y a deux versants et les jeunes doivent comprendre que, même dans les pires conditions, il n'y a pas de fatalité ; la liberté a continué pour certains et des choix ont été faits.
On rêve à une formation très régulée. Pour ma part je suis assez optimiste en ce domaine. Dès 2002, l'étude de l'extermination des Juifs a été mise au programme des écoles primaires ; on y ajouté les Tziganes en 2008. Beaucoup d'enseignants pionniers, avec les moyens du bord, avec des témoignages, avec les outils à leur disposition, ont fait énormément de choses. La maison des enfants d'Izieu, que je connais particulièrement bien, a été pionnière en matière d'éducation et de formation européennes ; nos séminaires ont un énorme succès.
Il faut s'y résigner : aujourd'hui, c'est un peu la logique de la toile ; des points se créent, sous la forme de centres de formation, et des mises en réseau se font d'un point à un autre. Personnellement, je trouve cela tout à fait satisfaisant.