Monsieur le ministre, si je m'adresse à vous aujourd'hui, peut-être en marge du budget de l'agriculture, c'est pour vous faire part de ma détresse face aux mesures qui menacent nos filières viticoles et ce, dans un contexte prohibitionniste sur la consommation des produits viticoles.
Ma première inquiétude concerne l'augmentation des taxes. Le cognac, par exemple, va être doublement touché par les modifications votées lors du PLFSS, avec l'augmentation de deux taxes indexées sur l'indice des prix à la consommation, notamment la vignette sécurité sociale qui augmente de 23 % et ne touche que les petits producteurs, vendeurs directs qui n'exportent pas.
Je m'inquiète également de l'interdiction de la dégustation gratuite de produits alcooliques dans les salons, les foires mais aussi les chais ou les caves. Attachées à promouvoir une consommation modérée et qualitative, les filières doivent pouvoir faire découvrir leurs produits, sans quoi c'est la mort assurée pour tout un secteur économique majeur de notre pays.
Troisième inquiétude : il est question d'interdire la vente d'alcool dans les stations-service. Sachez que dans nos campagnes, les stations-service font souvent office d'épicerie de quartier, et qu'elles proposent souvent nos produits régionaux.
S'il faut désormais considérer que l'achat d'alcool doit être interdit dès qu'il concerne un automobiliste, ne va-t-on pas interdire l'achat d'une bouteille à celui qui se rend en voiture au supermarché ?
Quatrième inquiétude : le flou concernant la publicité sur internet, média indispensable pour les petits viticulteurs. Je sais que vous partagez ce point de vue.
Tous ces projets sont symptomatiques d'une dérive prohibitionniste qui ne résoudra pas le problème des comportements à risque, et ne servira qu'à priver de points de vente les consommateurs modérés et les touristes.
N'oubliez pas que la France reste le premier producteur mondial de vins et spiritueux et qu'elle compte 144 000 exploitations viticoles ! N'oubliez pas que le solde du commerce extérieur des vins et spiritueux est le plus important du secteur agro-alimentaire, que la filière viticole compte 239 000 actifs permanents – sans oublier les nombreux saisonniers – et que l'oenotourisme représente également un potentiel d'emploi qu'il ne faut pas négliger !
Allons-nous un jour interdire les voitures sous prétexte qu'il y a des chauffards, qu'il y a tous les jours des accidents et des morts ?
Toutes ces mesures sont prises alors que votre ministère est incapable de soutenir la promotion de nos produits à l'étranger. En effet, l'État s'est désengagé : il n'est plus actionnaire de la SOPEXA. À l'heure de la crise économique et financière, il est dommage de ne pas protéger les fleurons de notre économie !
Monsieur le ministre, les viticulteurs attendent que vous preniez leur défense !