Je ne suis pas d'accord. Les risques liés aux missiles et à la prolifération des armes de destruction massive sont réels. La France se défend contre ces risques. L'OTAN en tant que telle – et non les États-Unis – le fait aussi. À mes yeux, tous les pays de l'OTAN sont dans la même catégorie : il n'y a pas de « première division » et de « deuxième division ».
Pour ce qui est du troisième site, vous n'ignorez pas que la réflexion du Président Obama est en cours et que l'on ne peut préjuger l'avenir de ce projet. Quoi qu'il en soit, la défense antimissile est un sujet important pour l'OTAN. Que se passerait-il s'il venait à l'idée de l'Iran, de la Corée du Nord ou d'autres États de nous intimider ?
Je considère comme vous, monsieur Boucheron, que la dissuasion nucléaire reste indispensable. Le conseil stratégique de l'OTAN a considéré en 1999 que les forces nucléaires indépendantes du Royaume-Uni et de la France, qui ont un rôle de dissuasion propre, contribuent à la dissuasion globale et la sécurité des Alliés. On ne saurait remettre en cause une seule seconde cet élément d'importance stratégique pour la France. Cela étant, il faut discuter de la défense antimissile.
Vous me demandez, madame Guigou, si l'OTAN a une finalité politique. Vous avez une grande expérience européenne et savez fort bien que c'est une question difficile pour l'Union elle-même. L'article 10 du Traité de Washington donne la possibilité à toute démocratie européenne de devenir partie au Traité. Mais ce n'est en aucun cas automatique, et c'est à juste titre que le président Sarkozy a indiqué la semaine dernière à Munich qu'il ne s'agit pas d'un droit. Il y a un an, à Bucarest, les chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN ont clairement indiqué – sans préciser d'échéance – que l'Ukraine et la Géorgie pourraient être membres de l'Organisation.