Monsieur le secrétaire général, je vous remercie à mon tour pour votre exposé et pour l'excellence de votre français.
Tout d'abord, je souhaiterais m'associer aux propos de mon collègue Jean-Michel Boucheron. Si nous sommes attachés au renforcement du pilier européen de l'Alliance, nous ne considérons pas pour autant que la défense européenne se résume à cela. L'Europe de la défense doit être autonome. Elle est aujourd'hui faible et fragile ; l'affectation de moyens supplémentaires à l'OTAN viendrait bien évidemment se soustraire à ce que nous pouvons lui consacrer.
Ensuite, vous nous avez dit que, les menaces ayant changé, l'Alliance s'était transformée, sans toutefois donner davantage de précisions, notamment dans votre réponse à la question du président Poniatowski sur le concept stratégique. Il s'agit pourtant d'un point fondamental. Qu'est-ce que l'Alliance atlantique aujourd'hui ? Quels sont ses objectifs ? Localisez-vous géographiquement les menaces que vous avez citées : terrorisme, armes de destruction massive, cyberterrorisme ? Défendez-vous le concept de « monde occidental » ?
Enfin, quelles limites géographiques fixez-vous à l'Alliance ? D'une part, l'extension actuelle de son champ d'intervention, à l'origine borné par le rideau de fer, pose problème – vous-même l'avez reconnu en soulignant qu'elle ne pouvait pas tout faire. D'autre part, jusqu'où s'élargira-t-elle ? Mon collègue Boucheron a rappelé l'affaire de la défense antimissile ; dans la crise géorgienne aussi, la perspective d'une adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine à l'Alliance a été une source majeure de difficultés avec la Russie. S'élargir aux anciennes Républiques de l'Union soviétique, c'est autre chose que d'accueillir les pays d'Europe centrale et orientale ! Certes, Mme Sarah Palin a quitté la scène internationale, mais à la question de savoir si l'article 5 du traité de Washington devrait être appliqué pour la Géorgie, elle avait répondu sans sourciller par l'affirmative ! Concevez que nous nous posions quelques questions s'il faut s'engager dans cette voie ! En outre, considérer que lorsqu'un pays demande à entrer dans l'Union européenne, cela signifie automatiquement qu'il souhaite adhérer à l'Alliance atlantique ne me semble pas aller de soi.