Monsieur le ministre, vous le savez, l'élevage ovin va mal. Alors qu'en 1979, il comptait près de 13 millions de têtes, il n'en comptait plus en 2007 que 8,3 millions, soit une baise de 36 %, baisse qui s'est d'ailleurs accélérée au cours des trois dernières années, avec une perte de 600 000 têtes, soit 7 % du troupeau.
C'est aujourd'hui la recrudescence de la fièvre catarrhale ovine qui provoque mortalité, avortements, infertilité et maladies, et crée chez les éleveurs un sentiment profond d'inquiétude pour leurs troupeaux, leur production et leurs revenus.
Dans le cadre de la PAC, la production ovine ne bénéficie pas de compensations suffisantes ; non seulement elle est confrontée à de vrais problèmes de revenus depuis deux ans, mais elle ne couvre que 40 % de nos besoins.
Le maintien des brebis sur tout le territoire constitue pourtant un atout majeur pour la valorisation des paysages, l'entretien de l'espace et le dynamisme économique et social de nos campagnes. Or, si rien n'est fait, brebis et agneaux vont progressivement disparaître de nos territoires ruraux.
Monsieur le ministre, les moutonniers sont en colère et mobilisés. De Clermont-Ferrand à Paris le 13 novembre prochain, en passant par Limoges, Toulouse, Valence ou Marseille, ils ont manifesté leur désespoir. Ils ont le sentiment d'avoir été oubliés dans les négociations européennes précédentes et veulent être entendus dans le cadre du bilan de santé de la PAC en 2010.
Ils demandent à bénéficier d'un niveau d'aides équivalent à celui accordé à l'élevage bovin, soit une prime à la brebis de 37,50 euros. Pour 2009, ils réclament, sous forme d'une aide d'urgence, un complément de 160 millions d'euros, alors que dans votre budget ne sont inscrits que 30 millions supplémentaires.
Les solutions avancées, comme l'activation des DPU dormants ou le redéploiement de 10 % des paiements non utilisés grâce à l'article 68, outre qu'elles doivent être validées par la Commission européenne, risquent d'être insuffisantes, voire impossibles à mettre en oeuvre.
Conscient de la gravité de la situation, vous avez, monsieur le ministre, lancé à Limoges, en octobre dernier, en compagnie de quatre autres ministres de l'agriculture, un appel à bâtir une réponse européenne. Cet appel sera-t-il entendu, et pourrez-vous, en 2009, mobiliser les moyens nécessaires au sauvetage de cette production ?