J'ai bien compris et je ne suis pas sur cette ligne-là. Comprenons-nous bien. Nous allons engager une nouvelle action sur les statines qui a fait l'objet d'un examen en profondeur de l'ensemble de ses médecins-conseils, au premier rang desquels le professeur Allemand. Cet examen a pris en compte les analyses françaises mais aussi les études internationales – The Lancet, The British Medical Journal, ainsi que les publications américaines.
La justice a rendu il y a deux jours une décision dans un procès qui nous opposait aux laboratoires AstraZeneca. Elle a précisé les conditions dans lesquelles la caisse d'assurance maladie de l'Aube pouvait porter l'information aux professionnels de santé, en prévoyant très logiquement des encadrements : respecter les données acquises de la science, parler de l'autorisation de mise sur le marché, mais pas seulement… Dans tous les pays où les payeurs ou les pouvoirs publics ont commencé à durcir les conditions d'utilisation des produits de santé, ce sont des décisions de justice qui ont permis d'élaborer des équilibres.
Aujourd'hui, il faut reconnaître que nos propositions et la formation que nous dispensons aux médecins se situent en amont de ce que la Haute Autorité de santé a pu faire, tout simplement parce que ces missions n'entraient pas, jusqu'à présent, dans ses compétences. Lorsque la HAS aura rendu ses conclusions sur la hiérarchisation des IEC et des sartans, ce que l'Institut für Qualität und Wirtschaftlichkeit im Gesundheitswesen – IQWIG – en Allemagne, le National Institute for clinical excellence – NICE – en Grande-Bretagne, ou encore les instances de Nouvelle-Zélande ou des vétérans américains, ont déjà fait, nous ne manquerons pas de porter son message. Ce sera au demeurant un atout important pour que nous nous fassions entendre des professionnels de santé. De plus, il n'est nullement indiqué dans la loi du 13 août 2004 que l'assurance maladie définit seule les règles du jeu. Reste que la HAS, avec laquelle nous discutons en profondeur, ne fait que commencer à exercer ses compétences dans ce domaine et nous ne voulons pas que cela se traduise par une baisse de la pression sur le monde médical. Ce monde est complexe, les experts y sont rares, et il n'existe pas encore en France les mêmes obligations de publication que dans les autres pays. Je reste donc prudent, étant conscient que certains éléments de réflexion ne vont pas dans le sens d'une augmentation de la pression que nous exerçons.
Nous avons par ailleurs anticipé la question de la certification. Celle-ci est en cours pour le réseau des DAM. Certaines caisses expérimentent maintenant la certification de la visite. Mais nous ne sommes pas naïfs et savons fort bien que les laboratoires pharmaceutiques demandent que les contraintes imposées à leurs visiteurs médicaux aient leur équivalent pour nos délégués.
La dynamique des coûts liée au nombre des personnes soignées pour une ALD est de l'ordre du 4 %. Nous avons démontré que les cartes d'ALD recoupent celles des risques de santé publique lorsque les critères sont précis. La diminution des seuils a nettement contribué à l'augmentation des populations prises en charge.
Le coût des traitements représente à peu près l'autre moitié de la dynamique. Le médicament y a sa part, mais aussi l'hôpital. L'évolution des coûts des soins délivrés dans les établissements de santé est donc un élément majeur pour l'équilibre d'ensemble.