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Intervention de Antonio Maria Costa

Réunion du 17 septembre 2008 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime :

Sans doute M. Frahi, qui a été chef de nos opérations en Afghanistan dans les années 2001 à 2003, pourra-t-il ajouter tout à l'heure des éléments importants. Quant à moi, monsieur le président de la commission de la défense, je retiens trois points de votre intervention.

En premier lieu, sur le fait que personne ne prendrait au sérieux le problème de la drogue, il me semble qu'un changement est en train de s'opérer. Lorsque nous avons évoqué pour la première fois à l'OTAN, en 2004, les relations entre la drogue et la violence des talibans et demandé l'intervention de l'OTAN, la réaction fut, il est vrai, effrayante, et pas un mot de notre déclaration n'a été accepté. Aujourd'hui, en revanche, l'OTAN m'a invité, et le débat a consisté à chercher comment mettre en oeuvre nos propositions. Un changement important est en cours parmi les pays membres de l'alliance. Un changement politique s'est également opéré à New York, et nous disposons désormais de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui ne se limitent pas à celles qui établissaient les interventions en Afghanistan en 2002, mais portent sur l'identification et l'arrestation de trafiquants et l'interception des produits chimiques qui arrivent en Afghanistan. Le monde prend aujourd'hui de plus en plus au sérieux le problème de la drogue en Afghanistan.

Deuxième point : les subventions, que je viens d'évoquer en réponse à une suggestion similaire du président Poniatowski. Il ne suffit pas de détruire une installation ou d'arrêter un trafiquant, mais il faut que les lois de l'économie s'appliquent. Or, il me semble que les lois fondamentales de l'économie fonctionnent sur ce marché pervers qu'est celui de la drogue. Devant la diminution du prix de la drogue et la forte augmentation de celui des autres cultures l'économie commence à réagir d'une manière positive, ce qui se traduit par des résultats importants. Non seulement il est nécessaire d'investir dans des infrastructures, mais il faut également créer une valeur ajoutée de la production agricole et ouvrir les marchés européens aux produits afghans. Il y a beaucoup de choses à faire, mais il me semble que le processus en cours est assez bien engagé.

Quant à acheter la récolte de drogue, je ne partage pas votre avis, monsieur le Président. L'expérience a d'ailleurs déjà été tentée par un grand pays, qui a proposé, au printemps 2003, de détruire les récoltes moyennant une indemnisation, ce qui revenait à promettre d'acheter le produit. L'année suivante, la production avait doublé, car les paysans se disaient que, s'ils ne pouvaient pas vendre la drogue aux trafiquants, ils pourraient toujours la vendre au Gouvernement. Ce n'est donc pas une bonne idée.

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