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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 21 janvier 2009 à 16h15
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Conformément à la tradition, aucun gouvernement étranger n'a été invité à la cérémonie.

Chacun ici connaît la chronologie de notre implication face aux événements du Moyen-Orient. 27 décembre : déclenchement des opérations israéliennes à Gaza. 30 décembre, soit à la fin de la présidence française de l'Union européenne : réunion au Quai d'Orsay des vingt-sept ministres des affaires étrangères de l'Union, aboutissant à un document qui exige le cessez-le-feu immédiat, avec cessation des tirs de roquettes sur Israël et fin des mouvements de l'armée israélienne, et qui parle de trêve humanitaire et de garanties. 4 janvier : visite de la troïka en Egypte, en Israël et à Ramallah, en Cisjordanie. 5 janvier : à Ramallah, séance de travail entre le Président de la République française et la troïka de l'Union européenne au sujet de la suite du voyage, qui comportait pour la troïka Jérusalem, Tel-Aviv et Amman, et pour le Président de la République, après la visite en Israël, des visites en Syrie et au Liban, puis une visite de retour, qui a été très fructueuse, en Egypte. Pour ma part, j'ai quitté la troïka pour aller au Conseil de sécurité, dont nous assurions la présidence pour un mois ; nous avons mis quarante-huit heures – un peu moins – pour parvenir à la résolution 1860, qui est la première vraie résolution sur le Moyen-Orient depuis 2004 et qui a été votée à l'unanimité moins une abstention. Certains ont critiqué le fait qu'elle ne prévoie pas de sanctions, mais ce n'est jamais le cas dans une première résolution politique ! J'aurais voulu moi aussi, bien sûr, qu'elle soit appliquée tout de suite ; mais réclamer un caractère « contraignant » ne veut rien dire : tout ce qui vient du Conseil de sécurité est contraignant, même les déclarations présidentielles. Ce qui ne l'est pas, ce sont les résolutions de l'Assemblée générale. M. Ban Ki-moon a d'ailleurs voulu que le conseil se réunisse quelques jours après, juste avant son départ pour le Moyen-Orient, afin d'appuyer sa démarche.

A l'occasion du deuxième voyage en Egypte puis en Israël du Président de la République, qui avait au préalable consulté Mme Merkel et M. Gordon Brown, nous avons proposé des garanties concernant l'accès maritime à Gaza, afin de prévenir l'arrivée d'armes en contrebande. Nos trois pays se sont portés volontaires pour assurer la sécurisation de la zone ; nous pouvons pour cela déplacer les bâtiments dont nous disposons à proximité.

L'autre proposition de soutien international concerne le « couloir de Philadelphie », cette zone frontière d'une quinzaine de kilomètres entre l'Egypte et Gaza. Mais au Président de la République comme déjà à la troïka, l'Egypte a répondu qu'elle refusait la présence de troupes étrangères sur son sol, et il en va de même pour Israël. Dès lors que les territoires égyptien et israélien ne sont pas accessibles à des forces d'observation – auxquelles la Turquie et le Brésil seraient également prêts à participer –, que pouvons-nous faire ? Nous avons proposé de renforcer la mission EUBAM Rafah, mise en place en 2005 et suspendue en 2007 du fait des combats entre Palestiniens, qui était descendue jusqu'à 17 personnes. Pour le moment, aucune réponse ne nous a été apportée. Mais les Egyptiens vont rencontrer samedi au Caire d'une part les représentants d'Israël, d'autre part ceux du Hamas ; je pense que le sujet sera abordé, mais je ne sais pas si nous aurons une réponse.

Quant à M. Obama, nous souhaitons qu'il intervienne dans ce dossier, mais comment va-t-il le faire, personne n'en sait encore rien. En tout cas, le document transatlantique montrait clairement que l'Europe veut jouer un rôle politique, car nous souhaitons contribuer à accélérer la marche vers la création d'un Etat palestinien.

Il est conforme à la tradition que nous n'ayons pas eu de réponse à ce document transatlantique tant que Mme Condoleezza Rice était en fonction ; j'espère que Mme Hillary Clinton y répondra très vite et que la nouvelle administration américaine examinera avec nous les moyens d'assurer un cessez-le-feu durable.

La solution passe aussi par une réconciliation palestinienne – qui n'est pas du tout impossible, contrairement à ce qu'on peut penser. Nous avons très fortement soutenu la demande du président de l'Autorité palestinienne, M. Abou Mazen, d'un gouvernement d'entente nationale ; si le Hamas y répond favorablement, nous n'aurons plus la même position à son égard. Si nous pouvons être utiles, nous appuierons bien volontiers la constitution de ce gouvernement. Le Premier ministre, M. Salam Fayyad, avec qui nous travaillons très efficacement, considère pour sa part que la présence de personnalités du Hamas et de l'OLP s'acceptant mutuellement serait une première étape.

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