Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jampal Chosang

Réunion du 29 avril 2008 à 16h15
Commission des affaires étrangères

Jampal Chosang :

a apporté les éléments de réponse suivants :

- La représentation du Dalaï Lama à Taiwan certifie que des condamnations viennent d'être prononcées. Elles frappent dix-sept ou vingt Tibétains et vont jusqu'à la réclusion à perpétuité. D'après les sources dont dispose cette représentation, un public de 200 à 500 personnes était présent à l'audience. Lorsque des informations fiables et précises seront disponibles, la représentation du Dalaï Lama à Paris les fera parvenir par email à l'Assemblée nationale.

- Comment concilier religion et démocratie ? Cette question est fondamentale. La diaspora tibétaine vit sous des systèmes démocratiques et le gouvernement tibétain en exil est démocratique. En effet, contrairement à ce que croient certains, le Dalaï Lama ne décide pas de tout ce qui concerne la vie des 6 millions de Tibétains. Le point de vue des Tibétains, qu'ils vivent au Tibet ou en exil, est pris en compte. Lorsque la Chine s'est ouverte économiquement, des passages ont eu lieu à travers la frontière avec l'Inde ; les Tibétains de l'intérieur connaissent donc le gouvernement démocratique de Dharamsala et le soutiennent pleinement. Sur les 6 millions de Tibétains, seuls 150 000 vivent en exil, dont la majorité en Inde ; c'est pourquoi le gouvernement du Tibet en exil siège en Inde. Le système de démocratie représentative en vigueur à Dharamsala s'apparente à celui de la Grande-Bretagne, avec une branche exécutive, une branche législative et une branche judiciaire. Le parlement est élu pour cinq ans. Avec à sa tête un président et un vice-président, sur le modèle britannique du speaker, il incarne les souhaits de la population tibétaine. Il a la capacité de réduire les pouvoirs du Dalaï Lama et de lancer une procédure d'empêchement contre tout membre du gouvernement. Le conseil des ministres est composé de trois à sept membres, appelés kalon. Ils sont nommés par le premier ministre, lui-même élu par le peuple tibétain au suffrage universel. Une fois élu, la première tâche d'un nouveau parlement est d'approuver ou de désapprouver la composition du cabinet constitué par le premier ministre. Le pouvoir politique est donc détenu par un premier ministre élu démocratiquement et nullement par le Dalaï Lama, porte-parole libre du peuple tibétain, chef spirituel des quatre grandes traditions du bouddhisme tibétain. Une Charte définit les règles de fonctionnement du conseil des ministres et du parlement. Elle stipule également les responsabilités des bureaux représentant le Tibet à l'étranger.

- L'administration en exil et le Dalaï Lama ont toujours soutenu la décision du Comité international Olympique (CIO) d'organiser les Jeux olympiques à Pékin, prise en 2001 à Moscou. Le jour même de cette décision, le Dalaï Lama avait jugé ce choix formidable pour la progression des droits de l'homme : des journalistes pourront circuler librement en Chine et les Chinois apprendront auprès de pays démocratiques à organiser l'événement. Depuis 2001, des améliorations ont été enregistrées mais beaucoup reste à faire. Il n'a jamais été demandé aux Tibétains d'exercer des actes de violence pour perturber le passage de la flamme olympique. Un Tibétain, que personne ne connaît à Paris, a certes tenté d'arracher la flamme à une athlète chinoise handicapée. Il ne s'agissait pas d'un représentant officiel du Dalaï Lama mais d'une personne isolée. Les quelque 400 Tibétains vivant à Paris sont libres de crier des slogans ; le représentant du Dalaï Lama peut leur demander de ne pas le faire mais ne peut pas les y contraindre car ils vivent dans un pays démocratique. Des incidents ont certes été organisés par des Tibétains et surtout par des Français soutenant la cause tibétaine, mais ceux-ci ne représentent pas le bureau du Tibet. En tout cas, il est important qu'aucun acte véritablement violent n'ait eu lieu, que ce soit à Paris, à Londres ou à San Francisco, contrairement à ce que prétendent les autorités chinoises.

- Comment sera choisi le successeur du Dalaï Lama ? Puisqu'il vit au XXIe siècle, le quatorzième Dalaï Lama a une approche très démocratique : s'il est bon pour le peuple tibétain que l'institution du Dalaï Lama perdure et si le peuple tibétain le désire, alors elle perdurera ; en revanche, si le peuple tibétain estime que cette institution n'est d'aucune utilité, elle cessera d'exister et il n'y aura pas de quinzième Dalaï Lama. À supposer que le peuple tibétain juge l'institution utile, le Dalaï Lama a identifié trois options pour la désignation de sa réincarnation. La première option se réfère à la méthode traditionnelle prescrite par les écritures bouddhistes : un comité constitué de sept ou huit membres repérerait les candidats et trancherait notamment en fonction du lieu de naissance de l'enfant et de sa capacité à reconnaître des objets que son prédécesseur utilisait ainsi que des personnes qui le servaient. La deuxième option, plus rationnelle, s'approcherait de la méthode suivie pour nommer le pape : le candidat serait choisi parmi les lamas tibétains proposés par les différents instituts monastiques. La troisième option consisterait à ce que le Dalaï Lama désigne lui-même son successeur, avant sa mort, parmi les lamas, afin que le travail inachevé soit poursuivi : si la question du Tibet n'était pas résolue de son vivant, l'oeuvre restant à accomplir reviendrait à sa réincarnation suivante.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion