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Intervention de Agnès Netter

Réunion du 1er avril 2008 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Agnès Netter :

a observé que jusqu'ici au CNRS malgré une forte volonté politique, et comme le montrent les statistiques présentées ci-dessus, peu de progrès ont été réalisés. Cette situation ne pourra s'améliorer sans une farouche détermination de la direction, mais une certaine stabilité est également nécessaire. Or, l'établissement a connu des crises, qui n'ont pas joué en faveur des femmes. Par ailleurs la proportion de femmes peut varier considérablement d'une discipline à l'autre et le rôle de la mission est justement de s'interroger sur la politique à conduire. Ainsi, les mathématiques comptent peu de femmes – 17 % environ. Le CNRS aura donc plus de mal à recruter des femmes dans cette matière car le vivier de recrutement est faible. En revanche, les sciences humaines et sociales comptent 43 % de femmes, mais l'on ne retrouve pas ce pourcentage en matière de promotion.

Depuis plusieurs années des formations sont menées pour faire prendre conscience de la problématique homme femme et sensibiliser les acteurs du CNRS au niveau régional. Une enquête conduite en lien avec la Direction des ressources humaines permettra de dresser un état des lieux des pratiques, qui servira de base à une unification et à une révision, si nécessaire, des procédures et à l'élaboration d'un guide de bonnes pratiques.

Un premier groupe se réunira dès l'automne sur le thème du recrutement – comment assurer une plus grande place aux femmes, sachant que le vivier de doctorantes et de post-doctorantes avoisine les 28 % ? Comment inciter les femmes à se présenter aux concours ? Une fois le groupe en possession d'indicateurs par rapport au « vivier » de femmes et ses propositions rendues, il pourrait être fait, après négociation avec les partenaires sociaux, une série de recommandations, dont la demande faite par la Direction Générale aux présidents de jury de concours de rédiger un rapport sexué sur le recrutement.

Ce groupe de travail devra également se pencher sur les affectations afin d'assurer une plus grande mixité dans les équipes.

Par cette démarche, il s'agit pour la communauté scientifique de se réapproprier cette thématique dans un monde de chercheurs qui reste encore essentiellement masculin.

Certes, le Gouvernement pourrait fixer des quotas en sciences, mais l'excellence requise au CNRS s'accommoderait mal d'une telle politique. Au regard de l'avantage masculin d'18, qui est de 1,55 pour les promotions de chargés de recherche en tant que directeurs de recherche, fixer des quotas est difficile si le potentiel n'existe pas. On sait par ailleurs que, quand les promotions sont moindres, les hommes passent en premier. Les possibilités ouvertes par la LOLF, en permettant aux organismes publics de décider du nombre de promotions devraient permettre de progresser sur cette question.

Au total, il apparaît que la prise de conscience en interne peut donner de meilleurs résultats qu'un passage en force.

Le comité national compte 31 % de femmes parmi les membres des sections, 21 % parmi les élus, 11 % parmi les nommés, et 7,5 % parmi les présidents de section. Le comité étant en phase de renouvellement, une lettre récapitulant les indicateurs 2005 du CNRS, mais également les indicateurs du ministère et les indicateurs européens, a été envoyée aux responsables des élections pour les sensibiliser et leur demander d'en tenir compte.

Le Comité scientifique compte un tiers de femmes.

Et hormis la présidente, aucune femme, nommée ou élue, ne siège au conseil d'administration.

Le bilan reste donc contrasté. Pourtant, dès 2001, le CNRS, conscient de l'évolution de la société, a mené des actions qui auraient pu aboutir à de meilleurs résultats s'il n'avait pas traversé des crises. En avril 2001, la directrice générale a créé et présidé un comité de pilotage « Disciplines, métiers, carrières et genre. La place des femmes au CNRS », chargé de promouvoir la place des femmes, de veiller à la cohérence des actions entreprises, de coordonner leurs conduites et d'en évaluer les résultats. En juillet 2001, une structure opérationnelle « la mission pour la place des femmes au CNRS a été créée ». En septembre 2001 le colloque « Femmes, Hommes et Sciences : agir pour l'égalité », organisé en partenariat avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, a permis de « rechercher les moyens de faire évoluer les comportements au quotidien, étudier les pratiques des institutions étrangères et recenser les actions visant à récupérer les talents perdus ». Enfin, en mars 2003, les ministres en charge de la parité et de la recherche ont signé avec la directrice générale du CNRS l'accord cadre de coopération sur la parité dans les sciences.

Les axes de travail ont été :

– le soutien aux laboratoires et aux équipes qui travaillaient sur le genre. Le CNRS a ainsi participé à la création de l'institut Émilie du Châtelet ;

– la réalisation d'études internes pour identifier les verrous bloquant la carrière des femmes. Une étude comparative a été lancée sur les actions menées aux États-Unis pour promouvoir l'accès des femmes au savoir et aux métiers scientifiques et techniques ;

– des actions de sensibilisation pour inciter les jeunes filles à s'engager dans les métiers scientifiques et pour lutter contre les stéréotypes : actions de valorisation de la place des femmes dans les sciences – publication d'ouvrages, participation à des expositions, production de DVD, participation à tous les prix qui ont été créés ;

– des actions de communication en direction des jeunes à travers des conférences dans les établissements scolaires autour de l'outil pédagogique « Physique de femmes ».

La Mission est reconnue dans les réseaux, aussi bien en France, sur le plan national comme régional, qu'en Europe.

En janvier 2008, la résolution a été prise de poursuivre la démarche visant à intégrer la dimension du genre dans tous les axes de développement de l'établissement et de suivre la mise en oeuvre de cette politique.

La mission a aussi pour objectif de remplir un rôle de veille et d'analyse des données sexuées internes et externes à l'établissement. Il a été décidé de s'informer de l'état d'avancement des recherches sur le genre et mettre en lien les acteurs de ces recherches.

La Mission s'est positionnée au sein du réseau européen d'acteurs institutionnels ou associatifs oeuvrant sur la problématique « femmes et sciences ». En 2008, elle renforcera ses liens avec la Direction des Affaires européennes du CNRS afin que la thématique du genre soit prise en compte dans la politique européenne de l'établissement par l'élaboration d'un certain nombre de documents à l'usage tant des ingénieurs projets européens (IPE) afin de préciser les attentes de la Commission européenne en matière d'intégration du genre dans les projets de recherche et d'aider les laboratoires à rédiger leur proposition, que de l'administration, des unités et des chercheurs afin de les sensibiliser à cette problématique.

L'exposition « Physique de femmes » est devenue un vecteur de sensibilisation aux métiers scientifiques et de communication à l'usage de publics à l'étranger, notamment au Québec où la Mission a aussi mené un partenariat avec le Ministère de l'Éducation autour du concours « Chapeau les filles ! ». En 2008, le CNRS accueillera deux lauréates de ce concours en stage dans l'un de ses laboratoires.

Il est également prévu, en octobre 2008 et mars 2009, un partenariat avec les Alliances françaises, une tournée de l'exposition à Washington accompagnée de conférences au sein d'établissements scolaires américains et en direction du public des Alliances françaises. Parallèlement, un DVD à vocation pédagogique présentant sous forme d'interview la carrière de trois des physiciennes viendra renforcer la sensibilisation des jeunes aux métiers de la physique.

Mme Agnès Netter a conclu son propos par une note d'optimisme : au final, les gens se réapproprient plus facilement la problématique qu'elle ne l'aurait pensé.

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