C'est déjà un montant tout à fait considérable, compte tenu des caractéristiques de ces actifs.
Vient ensuite l'activité de financial product. C'est une activité de dépôts garantis : des collectivités locales déposaient des fonds auprès de FSAAM et se voyaient garantir un taux d'intérêt sur la durée de leurs placements. La difficulté vient du fait que ces dépôts ont souvent été réinvestis dans des actifs immobiliers. Si l'on est capable de porter ces actifs jusqu'à leur échéance, le risque est moins un risque de crédit ou de dévalorisation qu'un risque de liquidité. Ce risque de liquidité est lié au rating, à la cotation, de la société qui assure les actifs, autrement dit FSA : si le rating passe en dessous de AA, les 17 milliards de dollars de dépôts doivent faire l'objet d'un remboursement anticipé. Or, aujourd'hui, à la valeur du marché, ces actifs ne valent plus que 11 milliards de dollars.
Le risque de perte en cas de liquidation du portefeuille pour cause d'obligation de remboursement anticipé est donc de 6 milliards de dollars. En revanche, nous considérons, après des simulations approfondies, que, si nous conservons ce portefeuille, la perte finale ne devrait pas dépasser 1,5 milliard de dollars. Dans l'hypothèse la plus dégradée que nous pouvons faire, c'est-à-dire celle d'une baisse supplémentaire de 40 %, par rapport à la situation actuelle, du prix des actifs immobiliers aux États-Unis, la perte serait de 4 milliards de dollars.
La garantie que nous avons demandée à l'État n'est pas une garantie des pertes ; nous estimons que celles-ci doivent être supportées par les actionnaires de Dexia, et qu'en outre elles sont gérables, dans la mesure où elles vont apparaître sur la duration du portefeuille, qui est d'une dizaine d'années. C'est une garantie pour conserver à FSA un rating d'une qualité suffisante pour lui éviter de procéder à des remboursements anticipés de ces contrats. C'est ce risque de remboursement anticipé, et non pas le risque de crédit, que les acheteurs ne pouvaient pas prendre dans la situation actuelle de liquidité de l'ensemble des acteurs financiers. C'est pourquoi nous avons demandé l'aide des États. Cette aide nous permet de céder la partie la plus risquée de l'activité, l'activité d'assurance, et en même temps de prendre le risque de première perte sur ce portefeuille, risque qui à notre sens est inférieur au risque calculé sur le prix actuel du marché. Nous avons passé 1,5 milliard de dollars de provisions ; mais les défauts de cash flow réels effectivement constatés qui ne touchent que trois lignes sur ce portefeuille de 17 milliards de dollars sont de 14 millions de dollars seulement à fin novembre. Cela permet de prendre la mesure du risque réel que nous demandons aux États de prendre. Nous marquons aussi notre confiance dans notre analyse en acceptant d'assumer une première perte représentant trois fois le risque que nous estimons, et, en cas de réalisation d'un risque supérieur, – qui signifierait une situation très grave de l'ensemble de l'économie –, d'émettre des actions de la société au profit des États, ce qui aboutit à diluer la participation des autres actionnaires, et à leur faire supporter les conséquences économiques de cette garantie.