Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Alain Parant

Réunion du 3 juin 2008 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Alain Parant :

a reconnu que les calculs mériteraient d'être faits en équivalents temps plein. Compte tenu des proportions d'emplois à temps plein en France et en Allemagne, cela ne change pas grand-chose : l'Allemagne reste devant la France, tout comme les Pays-Bas, où le temps partiel est encore plus répandu, notamment chez les femmes.

Pour être complète, la comparaison doit être pondérée par le revenu : alors qu'on peut vivre aux Pays-Bas avec deux emplois à mi-temps, en France on ne fait que survivre.

Quelques pays du monde, 2006 Taux d'emploi de la population âgée de 15 à 24 ans. Source : Eurostat, 2008

Le taux d'emploi des jeunes en France est deux fois à deux fois et demie plus faible que dans les autres pays. L'une des raisons est que les jeunes français sont sur les bancs de l'école. C'est un investissement dans le capital humain. Mais on est dès lors en droit de se demander pourquoi ils ont tant de difficultés ensuite à trouver un emploi.

Quelques pays du monde, 2006 Taux d'emploi de la population âgée de 55 à 64 ans Source : Eurostat, 2008

Dans la logique du Sommet de Lisbonne, le taux d'emploi des seniors en France, actuellement de 41 %, devrait atteindre 50 % en 2010.

La faiblesse du taux d'emploi des seniors tient au fait qu'on continue à pratiquer les cessations anticipées d'activité et à substituer de nouveaux systèmes à ceux qui arrivent à expiration. C'est ce qui explique qu'on ait abordé très tardivement la question du vieillissement de la population et des retraites, ce qui oblige l'État à solutions drastiques. Il faut faire assez vite pour trouver du travail pour les 7 millions d'actifs vieillissants qui seront 8 millions en 2050.

Certains érémistes, chômeurs ou dispensés de recherche d'emploi touchent davantage lorsqu'ils accèdent à la retraite. C'est anormal. Le taux de remplacement, pour quelqu'un qui passe d'une activité à temps plein à une retraite à taux plein, est en moyenne de 70 % : 40 % pour les cadres supérieurs, 80 % pour ceux qui ont fait une carrière complète au SMIC. On mise beaucoup sur le fait de travailler plus longtemps pour améliorer sa retraite mais cela risque d'en obliger beaucoup à travailler plus longtemps, pour cotiser plus longtemps et percevoir moins.

Pour éviter cela, il faudrait changer les mentalités. Depuis 30 ans, on a habitué les gens à partir à la retraite plus tôt que les précédents et à travailler moins sur la durée de vie totale, sur une année, sur une semaine. On leur demande d'opérer un véritable tête à queue ;alors que leur employabilité n'a pas été préservée, on leur demande de travailler plus longtemps. Les partenaires sociaux sont largement fautifs car ils n'ont pas anticipé la gestion des âges, se contentant de faire de la gestion par l'âge – dans tel secteur, l'âge de la retraite est fixé à 60 ans, 55 ans, voire 52 ans.

La détermination de l'âge de la retraite prend en compte la pénibilité du travail. Or on ferait fausse route en voulant charger la protection sociale de ce problème : s'il y a pénibilité du travail, c'est parce que, au sein d'une entreprise, le patronat et les salariés ne se sont pas entendus sur l'adaptation des postes de travail. C'est là que ce problème doit être résolu. Le répercuter sur la protection sociale revient à la pénaliser.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion