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Intervention de Alain Parant

Réunion du 3 juin 2008 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Alain Parant :

a formulé les remarques suivantes :

- Il n'est pas certain que l'espérance de vie à la naissance augmente dans les prochaines années au même rythme que par le passé. Plus on se rapproche de l'asymptote, moins les progrès sont rapides.

- Investir dans la technique est une chose, préserver le mieux possible le capital humain en donnant un toit, de la nourriture, du travail et du bien-être à tout le monde en est une autre. La seconde attitude est moins porteuse politiquement, elle permet des gains de durée de vie moins importants mais elle profite à un plus grand nombre. Quelle sera l'incidence du maintien durable dans une situation de pauvreté - précarité de quelques 5 à 7 millions d'adultes ? Dans quel état de santé maintient-on ces personnes, à quel coût pour eux, pour leurs proches et pour la société, et avec quel bénéfice ? Les États-Unis et le Canada ont arrêté leurs enquêtes sur la qualité de vie car les indices étaient parfois négatifs, des individus regrettant d'avoir bénéficié de certains progrès.

- Les « réserves » de survie se situent désormais dans les âges élevés alors qu'au temps de la vaccination et de l'amélioration de l'hygiène, elles se situaient dans les âges jeunes. En Inde, l'ajout de chlore dans le système de distribution des eaux a divisé immédiatement par deux la mortalité infantile avant un an.

- L'analyse de la réduction des écarts de durée de vie entre les hommes et les femmes mrite d'être précisée. L'écart exceptionnellement élevé entre les deux est un premier échec de santé publique. Les hommes n'ont pas la même appréhension de la maladie et de la mort que les femmes, notamment dans la trentaine, où ces dernières sont souvent en période de maternité. La réduction des écarts en valeur absolue est un deuxième échec de santé publique car elle est due à une augmentation moins rapide de la durée de vie des femmes. En imitant les hommes elles ont aussi adopté des comportements comme le tabagisme et l'alcoolisme sources de surmortalité.

- La deuxième incertitude mise en avant par la CNAM tient à la disponibilité des aidants. Certains démographes partent du principe que, les gens vivant plus longtemps, le nombre d'aidants potentiels pour les 75 ans ou plus augmentera. Mais ils devraient raisonner sur les 90 ans ou plus, car la dépendance ne commence pas à 75 ans, et tenir compte des évolutions de la société.

Les femmes seront-elles encore nombreuses à 90 ans à avoir un conjoint ? Sera-t-il encore avec elle s'il est vivant ? Les femmes ont enfin compris qu'il valait mieux pour elles travailler parce que la fin de vie peut être solitaire. Mais, quand chacun mène sa vie de son côté pendant 40 ans ou plus et se retrouve ensuite vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans un même espace, il y a intérêt à ce que celui-ci soit grand. Sinon cela se termine mal. Les français sont de plus en plus fidèles, mais c'est une fidélité à répétition car, sur 100 mariages, près de 50 se terminent par un divorce, qui peut survenir après une durée d'union très courte comme très longue. Les enfants étant partis, les conjoints décident de divorcer. Dans les maisons de retraite, des couples âgés se séparent et se remarient.

Autre question : les enfants vivent-ils avec leurs parents ou à proximité ? La réponse est non. Il y a coexistence des générations mais décohabitation.

Troisième élément : bien que l'on parle des nouveaux pères, ce sont toujours les femmes qui mènent la deuxième carrière, qui s'occupent des parents âgés dépendants, et à qui il est demandé d'arbitrer en faveur de leur vie familiale ou de leur vie professionnelle. Il leur est par ailleurs demandé, comme aux hommes, de travailler plus longtemps. Comme elles réussissent mieux dans les études supérieures que les hommes, elles auront des durées de formation initiale plus longues. Si elles ont, en plus, des difficultés d'insertion professionnelle, elles sortiront de la vie active aux environs de 70 ans. Leurs parents les ayant eues plus tardivement, en moyenne à 28 ans, cela signifie qu'ils seront entrés dans la dépendance alors qu'elles ne seront pas encore sorties de la vie active.

Dire que le doublement du nombre des personnes âgées dépendantes entraînera un doublement des coûts ne tient pas compte de tous ces facteurs.

France métropolitaine, 1990-1999 Croissance démographique. Source : Insee, RGP, 1999

La dépendance et le vieillissement sont présentés comme des gisements d'emplois. Qui occupera ces emplois dans les zones de déclin démographique représentées en mauve sur cette carte, notamment dans ce qu'on a appelé la « diagonale du vide » qui part de la frontière Nord-Est et descend jusqu'aux Pyrénées ?

Le phénomène migratoire a tendance à accélérer la déprise humaine car il entraîne une hausse des prix des biens locaux : terre, habitations. Les natifs ne pouvant suivre, ils s'en vont. Dans certaines régions, aucun jeune ne peut se maintenir si ses parents n'ont pas de terres.

La théorie prône de privilégier le lieu de vie. Comme, généralement, dans ces zones désertifiées, il n'y a pas d'hôpitaux, les services d'aide ou de soutien à domicile ne peuvent fonctionner que s'il y a des jeunes pour tenir les emplois d'aidants.

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