Je ne le pense pas. L'inscription sur la main courante est une étape de transition et une femme qui quitte un conjoint violent procède par étapes. Celles-ci sont nécessaires car les femmes sous emprise sont terriblement culpabilisées. À cela s'ajoute un effet pervers de l'aggravation des sanctions à l'encontre des hommes violents : depuis qu'il en est ainsi, les femmes redoutent davantage encore les conséquences de leur dénonciation et, dans le même temps, le chantage que font les hommes sur l'avenir des enfants a gagné en intensité.
S'agissant des enfants, ceux qui sont séparés de leur mère dans de telles circonstances demeurent dans la confusion et ils sont très déstabilisés d'avoir sacrifié un parent. Devenus adultes, ils ne savent comment réparer ce qu'ils ont fait et, en même temps, ils ont du mal à rétablir une relation avec leur mère. Dans tous les cas, cela prend du temps.
Je le répète, il faut intervenir le plus tôt possible. Dans les écoles, il faut apprendre aux jeunes gens quelles sont les limites, aux jeunes filles à partir quand un comportement donné ne leur convient pas. Dans un couple, il faut, dès le début, savoir dire : « Je n'admets pas que tu me parles comme cela ». La différence entre une scène de ménage et un épisode de violences psychologiques tient à l'asymétrie. Dans un conflit chacun s'exprime alors que dans la violence psychologique, l'un des membres du couple domine et l'autre est empêché de s'exprimer, de comprendre, de bouger. Comme il n'y a aucune solution perceptible, celui qui subit cette violence va s'abîmer, dans tous les sens du terme, et finir par accepter n'importe quoi.
Souvent, les cas de violences conjugales sont révélés par l'école, quand les enseignants repèrent un enfant qui va mal et qui, interrogé, raconte ce qui se passe chez lui. C'est alors l'enfant qui est en danger, et l'on passe par ce biais pour trouver une solution pour l'enfant lui-même.