Cela prend du temps et l'on n'arrive à rien si on va trop vite. Des femmes me décrivent les humiliations qu'elles subissent ; certaines sont telles que j'ose à peine vous les répéter. Ainsi une femme dont le mari est médecin : il lui est arrivé de la pousser dans les toilettes, de la faire tomber et de lui uriner dessus. S'agit-il de violence psychologique ou de violence physique ? Je lui ai demandé si cela lui paraissait normal, et s'il lui semblait normal que de telles choses se passent devant les enfants. Sa réponse a été : « Je ne suis pas capable ». Quand elle s'est résolue à se rendre au commissariat, elle n'a pas porté plainte mais elle a expliqué ce que l'homme avait fait, à elle et aux enfants – car il lui est arrivé d'agir de la sorte avec ses enfants aussi. Des poursuites ont été ouvertes dans le cadre de la protection de l'enfance. Quant à la femme, elle a réussi à partir quand elle a compris le mode de fonctionnement de son mari. J'ajoute que lorsqu'elle a cessé d'avoir peur, son mari n'a plus osé s'en prendre à elle.