On peut toujours trouver des contre-exemples. En tout cas, il faut éviter de monter les hommes contre les femmes et les femmes contre les hommes. Tous les hommes ne sont pas violents, il s'agit d'un problème de société à traiter comme tel.
Il me semblerait aussi efficace d'impliquer toutes les communautés, y compris les communautés religieuses. J'ai ainsi été invitée à traiter de cette question par l'association Noa qui s'occupe de prévenir la violence dans la communauté juive. Un colloque a donné lieu à des interventions à ce sujet sur les radios juives. Cela a eu un fort impact. Je suis convaincu qu'il faut intervenir de cette manière aussi, car cela permet de faire passer des messages qui ne passeraient pas autrement.
On pourrait aussi s'inspirer du Québec qui a institué, dans les écoles, des conseillers en prévention de la violence. Ils analysent avec les élèves les films projetés à la télévision, la violence retransmise dans les actualités, et ils se livrent à des jeux de rôles pour apprendre aux jeunes filles à dire « non » et aux jeunes gens à respecter les limites.
En résumé, il est important de centraliser toutes les procédures auprès d'un seul magistrat formé à ces questions. Il est tout aussi important de donner aux enfants témoins de violences familiales le statut de victimes pour éviter qu'ils soient instrumentalisés et pour pouvoir leur offrir une prise en charge psychologique ; ainsi peut-on espérer qu'ils ne reproduiront pas, adultes, les comportements auxquels ils ont assisté. Il faut aussi impliquer l'Ordre des avocats dans ce combat, pour donner aux femmes victimes de violences un meilleur accès à la justice. Une femme qui consulte un médecin sera remboursée par la sécurité sociale ; la même femme, si elle doit consulter un avocat, devra régler des honoraires. Il devrait y avoir moyen de mettre au point un code de bonne pratique.