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Intervention de Marie-France Hirigoyen

Réunion du 17 février 2009 à 16h00
Mission d’évaluation de la politique de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes

Marie-France Hirigoyen :

Si, mais très souvent les femmes soumises à des violences psychologiques sont perdues, ambivalentes, font un pas en avant et un pas en arrière et on ne sait comment les aider. Certaines femmes craignent aussi un classement sans suite, surtout lorsqu'elles n'ont jamais déposé plainte auparavant. Elles craignent enfin l'hypothèse d'une plainte pour dénonciation calomnieuse au cas où, pour insuffisance de charge, le doute profiterait à l'accusé qui ensuite se retournerait contre elle.

Permettez-moi de considérer qu'en cas de violences conjugales, la médiation est catastrophique. Il m'apparaît aussi que les problèmes de formation qui se posent aux médecins se posent aussi aux magistrats et aux avocats quand on parle d'emprise. Il m'est arrivé d'évoquer le sujet devant des avocats, mais les juges assistent rarement à ce type d'exposé. Ils devraient pourtant, eux aussi, être formés.

J'en viens aux enfants. Les juges considèrent souvent qu'un homme peut être violent avec sa femme sans que cela fasse nécessairement de lui un mauvais père. Or, une fois la séparation acquise, la violence psychologique peut se perpétuer, le père manipulant les enfants à cette fin. La violence conjugale est une violence familiale. On entend des parents dire : « les enfants sont petits, ils ne se rendent compte de rien ». Il n'en est rien : même les bébés réagissent de manière dramatique aux cris et à la tristesse de leur mère. Les enfants sont, eux aussi, victimes de violences psychologiques. Outre cela, ils sont instrumentalisés car il arrive très souvent qu'ils soient les objets d'un chantage, sur le mode : « Si tu pars, tu n'auras pas la garde des enfants ».

J'observe un accroissement du syndrome d'aliénation parentale, c'est-à-dire du nombre d'enfants conditionnés à reproduire la violence à l'encontre de « l'autre » parent. Ce qui était exceptionnel devient beaucoup plus fréquent : à défaut de pouvoir manipuler la femme plus longtemps, l'homme manipule les enfants pour la détruire, en leur disant : « Je ne suis pas homme violent, votre mère me calomnie » Les enfants se substituent alors à leur père pour injurier leur mère. On assiste aussi à des enlèvements d'enfants par le père. J'ai en thérapie, actuellement, trois jeunes adultes qui n'ont pas vu leur mère pendant dix ans et qui en sont intensément culpabilisés.

Pour prévenir cette violence, il faut apprendre aux femmes à la repérer, à refuser le contrôle et la domination. Si l'on veut sauver le couple – ce qui est parfois possible – ce ne peut être qu'au début. L'essentiel est donc l'éducation et il est indispensable d'impliquer les hommes dans la prévention de la violence conjugale. C'est ce qui a été fait en Seine-Saint-Denis, au cours d'une campagne de sensibilisation où l'on a vu des hommes proclamer : « Je suis un homme, je ne bats pas ma femme ». En Belgique, un boxeur était venu expliquer que la violence ne servait à rien. Une campagne de prévention serait particulièrement utile si elle faisait intervenir des sportifs de haut niveau.

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