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Intervention de Henri Plagnol

Réunion du 26 novembre 2008 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Plagnol :

Merci de cet exposé très émouvant et convaincant. Le tableau assez sombre que vous dressez recoupe la perception que Jean Glavany et moi-même avons eue lors de notre mission en Afghanistan – nous n'avons toutefois pas la prétention de croire que nous connaissons le terrain aussi bien que vous au bout de quelques jours.

Il est évident que l'on ne peut pas, même d'un strict point de vue stratégique, gagner ce conflit sans gagner les coeurs, et donc sans apporter à la population afghane le sentiment d'une amélioration. Si des progrès ont été réalisés à Kaboul et autour de la capitale, il n'est pas certain que, pour la grande majorité de la population, la vie quotidienne se soit substantiellement améliorée – elle risque d'ailleurs fort de se détériorer à court terme, notamment à cause de la crise alimentaire.

Comment les organisations humanitaires gèrent-elles le problème de la sécurité de leurs équipes ? Notre mission à Kaboul a coïncidé avec l'enlèvement d'un Français qui travaillait pour Solidarité laïque et l'ambassadeur était très préoccupé du risque de « défaite humanitaire » que vous évoquez, c'est-à-dire de la perspective de voir certaines ONG renoncer devant l'impossibilité de travailler concrètement. Comment évaluez-vous ce risque et comment y faites-vous face ?

En deuxième lieu, vous rappelez à juste titre que la guerre appelle la guerre. Or, si le conflit augmente en intensité, les populations souffriront encore davantage. Partagez-vous l'idée, qui nous a été largement exprimée lors de notre mission, que le travail humanitaire est impossible sans un minimum de paix ? Comment surmonter la contradiction liée au fait qu'il faut rétablir un certain calme dans les zones en insurrection et que cela suppose plus de moyens, avec tous les risques d'intensification que vous évoquez ?

Troisièmement, dans l'appel qu'il a lancé, votre collectif d'ONG invite à ce que l'action des ONG et l'intervention française soient au service de valeurs universelles et ne soient pas perçues par les Afghans comme menaçant leur mode de vie et leurs traditions. Quelles sont ces valeurs universelles ? Un exemple très concret est celui de l'accès des filles à l'éducation. De plus en plus souvent, en effet, les talibans s'opposent à la scolarisation des filles, allant parfois jusqu'à jeter de l'acide sur les jeunes filles qui se rendent au collège. Comment réagissez-vous à cet égard ? Quel est le point d'équilibre ? Faut-il, pour enraciner la paix, sacrifier le fondement même de valeurs universelles qui justifient notre présence en Afghanistan ?

Une dernière question, qui s'adresse peut-être plus particulièrement au CICR, dont nous avons pu mesurer l'efficacité et la remarquable capacité à dialoguer confidentiellement avec toutes les parties au nom du droit humanitaire international : pensez-vous que le processus de réconciliation nationale a une chance et, si c'est le cas, à quelles conditions ? Je suis, pour ma part, revenu d'Afghanistan assez perplexe sur ce point.

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