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Intervention de Hervé Morin

Réunion du 26 août 2008 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Hervé Morin, ministre de la défense :

Monsieur Myard, vous avez raison de parler d'« afghaniser » : c'est d'ailleurs bien à cet effet que nous formons l'armée nationale afghane et que nous commençons à lui transférer la sécurité de certaines parties du territoire. C'est ainsi que les forces de sécurité afghanes vont prendre en charge la responsabilité de la sécurité à Kaboul, puis dans les districts autour de la capitale, l'essentiel de la région Centre devant passer sous le contrôle de l'armée nationale et de la police afghanes au cours de l'année 2009. l'objectif est de faire de même progressivement dans d'autres endroits afin de confier entièrement aux Afghans leur propre sécurité.

Cela vous a peut-être échappé, mais voilà deux mois, après l'attaque d'une prison par les talibans près de Kandahar, c'est l'armée nationale afghane qui a mené l'opération contre les talibans, de la même façon que nous aurions pu le faire. Progressivement, elle sera donc capable de mener des opérations militaires.

Monsieur Lecoq, je conteste le mot « guerre ». Nous ne sommes pas en guerre contre un État, contre un peuple. Nous agissons sous mandat des Nations unies, avec trente-neuf pays de la communauté internationale qui luttent conte le terrorisme. Je vous invite d'ailleurs, si vous accompagnez le président Guy Tessier dans le cadre de la mission parlementaire, à vous rendre dans les vallées et pas seulement dans les camps militaires : vous y verrez que la population est heureuse de voir les forces alliées assurer leur sécurité, que les enfants sont aujourd'hui scolarisés, que les familles afghanes peuvent bénéficier de programmes de santé. L'accueil des populations montre que les Afghans aspirent à la paix et à la sécurité. Après quarante ans de drames permanents, les Afghans ont aussi envie de vivre en paix.

Bernard Kouchner l'a souligné, les langues et les dialectes parlés dans les conversations entre talibans captées par les services de renseignement n'appartiennent pas, pour l'essentiel, à l'Afghanistan, ce qui démontre que le recrutement est extérieur au pays. C'est d'ailleurs ce que déclarait l'un des grands spécialistes du terrorisme et d'Al-Qaida interviewé la semaine dernière par le journal Le Monde.

Concernant, enfin, la question des moyens d'observation complémentaires, Monsieur Guilloteau, les forces alliées ont une immense faiblesse depuis 2001, à savoir le manque de moyens héliportés et aéroportés, et la situation est valable pour l'ensemble de l'Afghanistan. Quant aux drones, s'ils constituent un appui utile, ils ne permettront pas de régler la totalité des problèmes de sécurité qui se posent aux forces.

J'en viens enfin à la question de M. Pinte. En effet, le président Chirac avait décidé de retirer les forces spéciales d'Afghanistan, mais de nombreux autres pays ont engagé de telles forces sur place. Dans de telles régions, le renseignement humain est plus important que le renseignement technologique, et des forces spéciales capables de couvrir le spectre de toutes les missions pourraient être utiles, notamment à des fins d'anticipation. Cela fait partie de ce que nous étudions et que nous présenterons au Président de la République.

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