Il y a une contradiction fondamentale entre l'action des pays occidentaux et de l'OTAN, dont l'objectif est la lutte contre le terrorisme, et les moyens mis en oeuvre : 51 000 hommes dispersés sur la totalité de l'Afghanistan, c'est en effet grandement insuffisant pour tenir un pays de cette taille. Les expériences l'ont montré, ce n'est pas d'en haut, mais dans les combats de fantassins que tout se passe. Il faudrait donc sans doute dix fois plus d'hommes, mais l'Occident n'en enverra pas autant, surtout que la question afghane, comme l'ont souligné des diplomates bruxellois, ne peut être dissociée de la question irakienne.
Dans ces conditions, il faut, pour lutter contre le terrorisme, agir indirectement, ce qui pose une question d'ordre politique. Face à un intégrisme islamique qui se nourrit de ses victimes et qui se renforce dans la lutte ouverte sur le terrain, il convient de faire en sorte que les Afghans prennent le relais le plus rapidement possible. Nous devons en effet nous retirer, tout en continuant de soutenir et de former les militaires afghans pour qu'ils combattent en première ligne.
Plus nous serons en première ligne, plus nous perdrons la bataille politique vis-à-vis de la population – indépendamment des bavures qui se multiplient – et plus nous perdrons la bataille militaire, car nous ne pouvons tenir le terrain. Il faut, je vous en conjure, afghaniser le conflit. Sinon, c'est perdu d'avance.