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Intervention de Stéphane Gompertz

Réunion du 6 mai 2009 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Stéphane Gompertz :

Au plus fort de la crise, le ministre Alain Joyandet s'est rendu à Madagascar avec une délégation de la Commission de l'océan Indien. Tout en voulant affirmer le rôle de la France, nous nous efforçons d'agir le plus possible avec nos partenaires.

Nous sommes preneurs des suggestions que vous pourriez nous faire, Monsieur Victoria : votre connaissance du terrain et des réseaux malgaches nous sera très utile.

Je ne saurais vous dire le poids des différentes factions, elles-mêmes divisées – ainsi, Pierrot Rajaonarivelo est brouillé avec Didier Ratsiraka. Nous dialoguons avec chacune d'entre elles.

Marc Ravalomanana est parti de son propre chef en Afrique du Sud, au moment où nous nous demandions quel pays représenté à Madagascar prendrait l'initiative de l'accueillir.

Je ne sais pas si le troisième homme existe mais parmi les candidats officieusement déclarés figurent des personnes de grande valeur. Celles-ci pourront-elles peser suffisamment ? Je ne sais pas. Est-ce à nous de les y aider ? Je ne sais pas non plus ; si nous encourageons une candidature, ce sera aussi discrètement que possible. En effet, chaque fois que nous intervenons sur la place publique, nos propos sont déformés et instrumentalisés par l'une ou l'autre des factions.

La France n'est jamais partie, Monsieur Le Déaut. Bouygues, Total, Orange, Colas sont présents sur le territoire. Beaucoup de Français vivent à Madagascar et l'on compte 22 000 bi-nationaux. Certes, notre présence et notre influence ont diminué, notamment sous Ravalomanana. Le fait que l'anglais ait été déclaré langue officielle n'entamera pas la prédominance du français.

Nous devons encourager la coopération décentralisée ; la coopération étatique, elle, dépend du budget que vous votez ! Sachez que nous ne pourrons tenir aucun des engagements pris au titre des documents cadre de partenariat. Nous n'en avons plus les moyens.

Gildas Le Lidec est l'un des diplomates les plus talentueux du ministère. Il s'est fait chasser comme un malpropre, soupçonné par Marc Ravalomanana de porter le mauvais oeil. Paradoxalement, s'il était resté sur place et que le président avait écouté ses conseils, ce dernier serait peut-être encore au pouvoir.

La SADC doit se réunir de nouveau le 9 mai. Si elle s'en tient à la position qu'elle a jusqu'ici adoptée, cela risque de tendre les négociations. L'Union africaine, par son envoyé, Ablassé Ouedraogo, fait un travail remarquable dans le sens du réalisme. Nous ferons notre possible pour l'appuyer.

Les Comores ont fort mal pris la consultation populaire à Mayotte. Alors que les présidents Sambi et Sarkozy étaient convenus que les Comores ne porteraient pas l'affaire devant les instances internationales, elles ont fait adopter des résolutions par l'Union africaine et par la Ligue arabe – la motion a été repoussée par la Commission de l'océan Indien. Nous maintiendrons, malgré tout, le dialogue, sans quoi l'immigration clandestine en direction de Mayotte continuera de croître.

Nous dirons à Andry Rajoelina qu'en se présentant maintenant, il court le risque de ne pas être élu ou d'hériter d'une situation impossible à gérer. Il lui serait bien plus profitable de suivre l'exemple d'Amadou Toumani Touré, au Mali, qui a cédé volontairement le pouvoir et est revenu à la faveur de nouvelles élections. Se présenter n'est ni dans son intérêt ni dans celui du pays. Nous lui donnerons ce conseil en toute amitié, en lui rappelant que nous l'avons aidé face à des partenaires hostiles – SADC en tête – qui réclamaient des sanctions.

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