Quoi qu'en dise Jacques Myard, les Français comme les Africains sont d'accord pour sortir d'une relation que l'on peut tout de même qualifier de paternaliste. Quant à la démographie, je n'y reviens pas, nous l'avons déjà évoquée.
Mme Fort a évoqué les jumelages et les échanges entre la France et différents pays. D'une manière générale, nous soutenons ces opérations. Le secrétariat d'État dispose d'une ligne budgétaire pour subventionner les associations qui organisent ces jumelages. La liste des bénéficiaires est très longue.
Nous connaissons la position de M. Muselier au sujet du président Kagamé : elle est tout à fait respectable. Toutefois, la France juge préférable que les conflits qui déchirent l'Afrique soient résolus par les Africains eux-mêmes – M. Loncle a d'ailleurs lui-même plaidé en ce sens. Or c'est bien le rapprochement entre M. Kagamé et M. Kabila qui a permis aux pays concernés de résoudre eux-mêmes une partie des problèmes du Nord-Kivu, et notamment d'obtenir le désarmement des FDLR et la neutralisation de M. Nkunda. C'est pourquoi la France, à l'instar des États-Unis, a encouragé ce rapprochement. Nous avons ainsi pu éviter l'envoi de nouveaux militaires en provenance d'Europe. Je rappelle qu'en dépit des 17 000 hommes dont elle dispose, la force des Nations Unies présente sur le terrain a quelques difficultés à régler les problèmes.
Monsieur Lecou, j'entends souvent des propos pessimistes au sujet de la francophonie et du rayonnement culturel de la France, mais je rappelle que notre réseau culturel est le plus important au monde. Nous disposons du plus grand nombre de lycées à l'étranger, dans lesquels travaillent 6 000 professeurs titulaires de l'éducation nationale. Notre action en ce domaine se situe donc à un niveau exceptionnel, même s'il est vrai que l'on nous en demande encore plus. Ainsi, lorsque le Qatar souhaite réécrire et compléter ses règles de droit, il nous réclame dans ce but une assistance culturelle, préférant la tradition juridique latine à l'anglo-saxonne.
Madame Colot, vous avez évoqué la question de l'achat de terres en Afrique. À Madagascar, une opération qui portait sur 1,3 million d'hectares est heureusement suspendue. Un certain nombre d'États africains sont en train de réagir très fermement sur cette question du foncier, pour faire en sorte que, si relance de l'agriculture il y a, ce soit avec des agriculteurs africains.
À ce sujet, monsieur Loncle, je note que si notre diplomatie ne doit pas renoncer à défendre les valeurs qui sont celles de la francophonie, notamment les droits de l'homme et la démocratie, elle ne peut pas se contenter de proclamer des principes, en laissant les Chinois s'emparer de l'économie africaine. Ainsi, au moment même où vous défendez, s'agissant de la Mauritanie, une conception que l'on peut qualifier d'idéale, le port de Nouakchott constitue un enjeu économique considérable. Et tout en me réjouissant de voir se multiplier les investissements en faveur de l'Afrique, je constate que le continent accueille déjà 900 000 Chinois, contre 300 000 Français. Notre rayonnement culturel ne doit pas occulter notre rayonnement économique ni le rôle joué par nos entreprises : si nous voulons être présents dans l'économie africaine, nous devons parvenir à des positions diplomatiques qui, sans trahir nos valeurs, puissent être acceptables par les pays avec lesquels nous travaillons.
Je sais que M. Cocquempot est très attaché au Vietnam, où je suis allé il y a peu de temps. Nous sommes toujours prêts à intervenir en faveur de la formation des maîtres, mais il paraît difficile d'augmenter encore le nombre de professeurs enseignant à l'étranger : cela coûterait très cher. Cependant, la francophonie constitue un enjeu mondial auquel il faut apporter une réponse mondiale. Or cette réponse est double : elle passe par l'audiovisuel extérieur de la France, mais consiste aussi à multiplier les contenus disponibles en français sur Internet. À cet égard, le portail numérique que nous mettons en place va permettre, grâce à des liens spécifiques, le développement d'une formation à distance. Je reste à votre disposition pour aborder des questions plus précises, mais sachez que le secrétariat d'État à la coopération s'investit beaucoup au Vietnam, non seulement en faveur de l'enseignement du français, mais aussi à travers notre réseau culturel – centres culturels et Alliance française.