Précisément, je milite pour que France 24 en français, TV5 monde et RFI soient présents partout dans le monde. Lorsque, à Doha, je constate qu'il faut zapper jusqu'au canal 100 pour trouver une chaîne francophone et que celle-ci n'est même pas française, je ne suis pas content. Cela étant, nous devons laisser aux nouveaux dirigeants de l'audiovisuel extérieur le temps d'achever la réforme en cours, notamment en ce qui concerne les contenus éditoriaux. À cet égard, je suis d'accord avec M. Muselier : il faut améliorer les programmes de TV5 Monde. Une fois réorganisée la fabrication des contenus – qui est la partie la plus coûteuse –, la bataille suivante concernera les supports. De nombreux moyens existent – câble, satellite, etc. – qui nous permettent une diffusion plus large pour un coût moins élevé qu'autrefois. Quoi qu'il en soit, ma position est claire : l'audiovisuel extérieur doit être disponible partout en français.
Par ailleurs, à chaque fois que j'en ai l'occasion, je demande à nos responsables de s'exprimer le plus possible en français sur la scène internationale. Récemment, lors d'une visite d'une plateforme du groupe Total, j'ai ainsi convaincu M. de Margerie de faire son discours en français. Au moment où plusieurs Français sont à la tête des grandes institutions internationales – Banque centrale européenne, FMI, OMC –, je regrette de les voir faire si peu usage de notre langue, alors même que ces institutions bénéficient de moyens de traduction simultanée. Je leur ai déjà fait des remarques à ce sujet. De même, lorsqu'un artiste français est sélectionné pour représenter notre pays à l'Eurovision, la moindre des choses est qu'il chante en français. L'année dernière, notre candidat s'était exprimé en anglais, ce qui m'avait poussé à intervenir. Je me réjouis de voir que, cette année, Patricia Kaas, notre représentante, a chanté en français. Elle n'a pas gagné, mais son classement est le meilleur que nous ayons connu depuis longtemps.
Je partage l'avis de Nicole Ameline sur la nécessité d'une approche plus globale. Comme dans le débat entre intervention bilatérale et intervention multilatérale, la question n'est pas de trancher définitivement, mais de savoir où placer le curseur. Et sur de nombreux sujets, une approche à l'échelle du continent, de la région ou de la sous-région apparaît plus pertinente. Ainsi, si nous voulons relancer l'agriculture en Afrique, avec ce que cet objectif implique en termes d'équipements publics, de formations, de système de commercialisation, nous ne pouvons pas raisonner État par État. De même, je souhaite que nos accords de partenariat économique soient signés avec des régions. La relance de l'agriculture africaine nécessite une régulation : il faut que des accords soient obtenus avec l'OMC pour protéger ce secteur. Ce n'est possible qu'en raisonnant globalement. Or tout ce qui doit être abordé de manière globale doit l'être sous forme multilatérale – même si nous devons conserver des marges de manoeuvre dans un cadre bilatéral.
Quant à la coordination, elle est indispensable. À titre d'exemple, sachez qu'en 2007, la Tanzanie a dû accueillir 600 projets de coopération, tous inférieurs à un million d'euros…
En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, monsieur Loncle, je suis d'accord avec vous : M. Compaoré a fait un travail exceptionnel, et je lui ai d'ailleurs plusieurs fois rendu visite. C'est en effet autour de lui que se sont réunis, le 18 mai, M. Gbagbo, M. Ouattara, M. Bédié, ainsi que le jeune premier ministre, M. Soro, qui est en charge de l'organisation des élections. La France fait tout ce qu'elle peut pour aider M. Compaoré à oeuvrer en faveur du processus de paix. C'est ainsi à sa demande que nous avons débloqué l'argent nécessaire au recensement des électeurs.
Je ne suis pas discret sur la Mauritanie, j'en ai parlé dans mon propos liminaire. Il est vrai que deux approches sont possibles au sujet des élections qui ont été décidées. L'une consiste à juger ces élections illégitimes et à réclamer le rétablissement du président démocratiquement élu – quitte à ce qu'il démissionne aussitôt après. Mais cette approche est-elle réaliste ? Pour 80 % de la société mauritanienne, ce n'est pas le cas ; les états généraux organisés par M. Aziz ont suscité la participation de 80 % des forces vives de Mauritanie, y compris de M. Daddah, leader de l'opposition.