Il est vrai que notre position a évolué au sujet de Madagascar, mais cette évolution concerne l'ensemble de la communauté internationale. En effet, pour ne pas donner le sentiment de prendre parti en faveur de l'un ou l'autre des adversaires en lice, nous n'avons pas voulu que la France agisse seule sur ce dossier. C'est d'ailleurs dans le cadre de la Commission de l'océan indien que je me suis rendu sur l'île.
Aujourd'hui, la communauté internationale accepte le processus de transition proposé par la Haute autorité, laquelle indique son intention d'organiser des élections au plus tard quatorze mois après la signature d'un accord par l'ensemble des parties. La France est prête à soutenir cette position intermédiaire, même si elle est moins dure que celle que nous avions d'abord adoptée. Nous avions en effet, dans un premier temps, réclamé le retour à l'ordre constitutionnel. Des dates ont été avancées pour les élections législatives, qui seront organisées en premier. Quant à l'élection présidentielle, le président de la Haute autorité de transition avait indiqué qu'il renoncerait à y participer dès lors que tous les anciens présidents en feraient autant. Mais comme cette condition ne semble pas remplie, je suppose qu'il voudra se porter candidat. N'ayant pas l'âge requis, on peut imaginer qu'il demandera une modification de la Constitution, par voie législative ou populaire.
En Côte d'Ivoire, Monsieur Schneider, le Conseil des ministres a suivi la proposition de la Commission électorale indépendante et a pris, le 14 mai, un décret fixant au 29 novembre 2009 le premier tour de l'élection présidentielle. Je peux témoigner que tous les leaders politiques acceptent cette date et demandent qu'elle soit respectée.
En ce qui concerne Jean-Paul Ney, le président Gbagbo a bien voulu, à la suite de ma visite, demander au parquet de renoncer à faire appel du jugement ayant décidé sa mise en liberté provisoire. M. Ney s'est donc vu rendre son passeport et a pu rentrer en France après seize mois de détention. La procédure n'est pas close, mais on peut espérer qu'elle évoluera favorablement. Il va sans dire que mon intervention s'est située dans un cadre strictement humanitaire : il n'était pas question de faire une ingérence dans la justice ivoirienne.
Sur la francophonie, monsieur Lecoq, je vous renvoie à mes propos introductifs et au bilan de notre action depuis quelques mois. Ainsi, pour la première fois, la Constitution fait référence à la francophonie dans son article 87, ce qui répond à une demande formulée depuis vingt ans. Je rappelle également que la présidence française de l'Union européenne a fait systématiquement usage du français – cela paraît évident, mais ce n'est pas toujours le cas dans les instances internationales –, que le projet de Maison de la francophonie est sur le point d'aboutir, et que le sommet de Québec a été un succès. Nous avons également renforcé les moyens de TV5 Monde, et nous mettons la dernière main au portail numérique francophone, auquel nous avons consacré 300 000 d'euros. Enfin, je travaille avec Éric Besson à la mise en place d'un visa francophone.
Plusieurs rendez-vous sont programmés, dont la réunion de l'Assemblée parlementaire de la francophonie, qui se tiendra à Paris les 4 et 6 juillet. Nous avons par ailleurs débloqué 1,5 million d'euros pour assurer notre présence aux jeux de la francophonie, organisés à Beyrouth en septembre. Enfin, une conférence ministérielle se tiendra à Paris les 8 et 9 décembre.
Le combat de la francophonie n'est pas seulement un combat pour le français ; c'est aussi un combat en faveur du plurilinguisme et de la diversité culturelle, ainsi que des valeurs que nous défendons – droits de l'homme, démocratie, bonne gouvernance, protection de la planète, droits des femmes et des enfants. J'ai inauguré récemment le lycée français de Doha, où l'on enseigne en français, en anglais et en arabe. Ce combat pour le plurilinguisme est sans doute le meilleur moyen de préserver l'usage de notre langue.
Le Sahara occidental pose un problème difficile, dont la résolution passe par un accord entre le Maroc et l'Algérie. L'Union pour la Méditerranée pourrait aider à faire avancer les choses, mais aujourd'hui, la situation est bloquée.
Je rappelle qu'en dépit de nos souhaits, l'Algérie n'est toujours pas membre de l'Organisation internationale de la francophonie – dans laquelle la France voudrait également faire entrer Israël.
Quant au Cameroun, comme beaucoup d'autres pays, il a en effet connu des émeutes de la faim, mais la situation est aujourd'hui plus calme. La situation des familles dont vous avez parlé n'a pas été évoquée à l'occasion de nos entretiens avec le président Biya. C'est avant tout une affaire intérieure au Cameroun, dans laquelle il nous est difficile de nous ingérer. Nous ne pouvons que faire passer des messages à titre officieux.
L'opération Atalante, évoquée par M. Jean-Louis Christ, constitue une première remarquable. Une telle initiative était attendue depuis longtemps. Nous assistons à une véritable prise de conscience internationale ; l'Europe a montré la voie, et elle est suivie par les États-Unis et la Chine. Je crois donc que l'opération devrait monter en puissance. La France le souhaite, car nous ne pouvons pas laisser perdurer une telle situation de non-droit. La piraterie est un problème majeur qui concerne toute l'Afrique – pas seulement les pays de la Corne, mais aussi ceux du Golfe du Niger. Les questions de sécurité maritime se posent de façon particulièrement aiguë pour les pays dans lesquels le Premier ministre s'est rendu, le Cameroun et le Nigeria. La réponse internationale doit donc être très ferme, faute de voir de tels actes se multiplier ailleurs dans le monde – en Afrique, mais aussi en Amérique du Sud.
Au Congo-Brazzaville, d'après les informations dont je dispose, la préparation des élections se déroule dans des conditions normales. Lors de sa visite officielle, le Président de la République a rencontré non seulement le président Denis Sassou-Nguesso, mais aussi, avec l'accord de ce dernier, l'ensemble des leaders politiques de l'opposition. Cette initiative inédite a été l'occasion pour le Président de reprendre le dialogue politique avec ses opposants.
Madame Aurillac, le budget consacré à la santé dans l'aide au développement a été multiplié par quatre depuis 2000. Nous nous efforçons d'articuler au mieux les interventions bilatérales et multilatérales. La répartition entre ces deux modes d'action fait l'objet d'un vieux débat. Aujourd'hui, deux tiers de notre aide publique passe par la voie multilatérale. Mais sur un certain nombre de points, il paraît indispensable de conserver une marge de manoeuvre bilatérale, afin de privilégier les circuits courts, plus efficaces. Cela étant, une action telle que la lutte contre le sida nécessite sans aucun doute une organisation multilatérale, car seule une réponse à l'échelle mondiale est en mesure de mobiliser de grandes masses financières nécessaires. Cela nous a permis, par exemple, de faire baisser de près de 50 % le prix des médicaments, notamment pour les enfants.
Pour le reste, on ne peut pas réclamer plus de démocratie en Afrique et, lorsqu'elle fonctionne, craindre ses résultats. Au Sénégal, les élections locales ont été remportées par l'opposition ; certains exemples plus proches de nous montrent que cela n'empêche pas de gagner ensuite les élections nationales ! Pour ma part, je me réjouis que la démocratie fonctionne dans ce pays.
Madame Bourragué, la place des femmes constitue l'un des huit chantiers de mon secrétariat d'État – car, oui, les femmes sont l'avenir de l'Afrique. Elles sont les principales bénéficiaires des microcrédits. 20 millions d'euros ont été programmés pour renforcer leur rôle dans l'économie africaine ; notre plan d'action est d'ores et déjà mis en oeuvre, avec un fonds de solidarité de 3 millions d'euros et la mobilisation de nos ambassades. Les trente ambassadeurs de l'Afrique subsaharienne disposent chacun d'un montant de 100 000 euros pour abonder des projets.