Cela ne sera pas simple, je le crains, mais il nous faut ce nouveau dialogue.
Trois observations en réponse à M. Myard. Tout d'abord, je l'ai dit, il y a une complémentarité entre l'intergouvernemental et le communautaire, et c'est une avancée importante. Ensuite, la Commission s'est peut-être affaiblie parce qu'elle n'a pas joué pleinement son rôle : elle s'est trop comportée comme secrétariat du Conseil et pas assez comme Commission. Par rapport à d'autres périodes que M. de Charette et moi avons connues, il est frappant de constater qu'elle n'a pas fait les propositions, pris les initiatives, proposé les projets de régulation financière qu'on pouvait attendre d'elle !
Dans une Europe à vingt-sept, la méthode communautaire reste nécessaire, et elle est importante pour nos partenaires, notamment les plus faibles. Un exemple : en France, il nous paraît parfaitement rationnel de relever le seuil des aides aux PME, mais cela aboutit à une perte de compétitivité pour des pays comme la Slovaquie ou la Slovénie. La Commission reste donc gardienne sur ce plan.
Pour ce qui est du traité de Lisbonne, son grand avantage par rapport à ce qu'on a vécu, c'est la continuité. À condition de trouver la bonne personne, il sera très profitable à l'Union d'avoir une sorte de ministre des affaires étrangères et un président du Conseil européen qui soient stables. J'ai évolué sur ce point par rapport aux débats que nous avons eus il y a un an sur la présidence stable du Conseil, sachant que le vivier est étroit pour choisir la bonne personne. Mais cette continuité jouera en faveur de l'Europe, notamment dans ses relations extérieures.
M. de Charette a raison : l'année 2009 sera difficile sur le plan économique. Elle le sera aussi sur le plan institutionnel car la Commission devra être renouvelée, ce qui ne l'incitera pas à prendre beaucoup d'initiatives. En outre, les élections européennes se feront sur la base du traité de Nice. Il y aura un retour américain – bon ou mauvais, il est encore trop tôt pour le savoir. Il y aura des présidences de l'Union par des pays hors zone euro, la République tchèque et la Suède, ce qui est un problème.
La République tchèque est le premier pays de l'ancien bloc communiste à prendre les rênes de l'Europe, et mon sentiment est que les Tchèques vont, quoi qu'on en dise, vouloir être à la hauteur de la situation. Car l'Europe est à la croisée des chemins. Les principaux leaders européens ne resteront pas inactifs, et ce qui a été mis en oeuvre sous la présidence française sera poursuivi d'une manière ou d'une autre. Soit les présidences à venir seront réactives, sauront écouter les autres et feront de la politique plus que de la technique –comme ce fut le cas durant la présidence française. Soit elles ne le seront pas et, comme la nature a horreur du vide, les réunions ad hoc et autres cercles se développeront et le centre de gravité de l'Union se déplacera.