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Intervention de Bertrand Castagné

Réunion du 16 octobre 2007 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Bertrand Castagné :

a apporté des compléments d'information en sa qualité à la fois de président de la commission sociale de la FEP et de directeur des ressources humaines d'Elior-Pôle Santé.

La branche signe tous les ans un accord salarial qui est étendu et s'applique aux 15 000 entreprises. La négociation salariale a conduit sur les dernières années à une augmentation de 3 à 5 % d'augmentation de la grille, sachant que le premier niveau de celle-ci est au-dessus du SMIC. Le secteur se caractérise donc par une politique salariale assez dynamique et une grille salariale qui bouge chaque année de façon substantielle.

À quelques exceptions près, toutes les entreprises de la branche suivent les salaires de la grille conventionnelle. Le prix de vente de leurs prestations représentant 85 % de la masse salariale, elles doivent, pour être concurrentielles sur le marché, avoir des taux de salaires à peu près équivalents.

Les négociations viennent d'être ouvertes au niveau de la branche sur l'égalité salariale entre les femmes et les hommes, conformément à la loi. Néanmoins les partenaires sociaux et l'ensemble des organisations syndicales ne savent pas trop comment prendre le problème. À partir du moment où tous les salariés sont rémunérés conformément à la grille, il n'y a pas de différences salariales. Il peut éventuellement y avoir des écarts chez les cadres, mais ceux-ci ne représentent que 0,9 % des 400 000 salariés. Une disparité peut aussi apparaître au niveau de la classification, mais elle est liée à l'emploi et repose donc sur des questions de compétences.

La FEP a lancé une étude un peu plus poussée, par l'intermédiaire de la Commission paritaire pour l'emploi (CPNE), dont le rapport est attendu pour la fin de l'année.

Le secteur de la propreté est une branche qui, globalement, a une mauvaise image. Les personnes qui y travaillent sont souvent des travailleurs de l'ombre puisqu'ils font le ménage lorsque les occupants du lieu ne sont pas là. Ces derniers n'associent pas toujours la prestation à une personne et cela nuit à la visibilité de la profession.

Quant au temps partiel subi, il faut bien voir que les premiers à en pâtir sont les entreprises. Aujourd'hui, 30 % de la commande vient du secteur public, qui impose des cahiers des charges avec des horaires tôt le matin ou tard le soir, d'où la réflexion sur le travail en journée.

On s'est aperçu que, pour que les entreprises vivent et se développent, il fallait qu'elles apportent d'autres services que le simple nettoyage, tels que charger les photocopieurs, installer les salles de réunion, s'occuper éventuellement de l'accueil, faire la conciergerie, tout ce qui est service rendu aux occupants du lieu. D'une part, cela augmente le chiffre d'affaires et, d'autre part, cela permet l'intervention des salariés venus faire le nettoyage sur une plage horaire beaucoup plus importante et donc cela permet de les fidéliser en leur permettant de travailler en journée et à temps plein.

L'entreprise Elior-Pôle Santé est spécialisée dans le nettoyage et le service hôtelier en centres hospitaliers : cliniques, hôpitaux, maisons de retraite. Dans le marché du privé – cliniques, maisons de retraite –, l'entreprise s'occupe, en plus de la propreté, des services hôteliers et des services de repas, ce qui couvre une plage horaire de 7 heures à 20 heures, si bien que 85 % des salariés sont à temps plein. L'entreprise sait les occuper toute la journée. Par contre, sur les marchés de l'APHP, l'Assistance publique-hôpitaux de Paris, l'entreprise ne s'occupe que du nettoyage des communs, c'est-à-dire n'intervient que le matin très tôt, à 5 heures ou 5 heures et demie jusqu'à 10 heures ou 10 heures et demie. Les salariés travaillent forcément à temps partiel et l'entreprise a du mal à trouver un complément de travail à partir de midi.

Lorsqu'une entreprise assure la prestation « services associés », elle arrive à donner des compléments d'horaire. C'est ce vers quoi se dirigent un certain nombre d'entreprises, en incluant des services à la personne. Certaines ont déjà créé des filières spécialisées qui permettent d'offrir aux collaborateurs qui travaillent à la propreté des passerelles vers des services à la personne du type entretien de la maison, ménage. L'accompagnement des personnes ne relève, bien entendu, pas du secteur.

Toutes les entreprises de la profession sont à la recherche des prestations qu'elles peuvent apporter à leurs clients pour fidéliser leurs salariés. Le temps plein est un gage de fidélité.

De plus, quand on dit qu'il y a 70 % de temps partiel dans la profession, cela ne rend pas compte de la réalité, notamment de la notion de multi-employeurs. Les 30 % de salariés qui sont sur un système multi-employeurs sont pratiquement à temps plein. Parmi les autres il y a aussi du temps partiel choisi.

Comme Mme Carole Sintes l'a mis en avant, le secteur de la propreté joue un rôle social puisque l'on peut y rentrer sans qualification professionnelle. Il sait intégrer toute une population qui a été laissée au bord de la route. La branche a mis en place des petites formations pour faire évoluer ses salariés vers des postes d'encadrement. Dans l'encadrement intermédiaire, c'est-à-dire les postes de chef d'équipe, il y a 50 % de femmes. Dans la maîtrise d'exploitation, qui est proche du poste de cadre, il y a un tiers de femmes.

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