Chacun de nos grands services a établi au fil des ans des relations plus ou moins suivies avec certains services partenaires étrangers. Cela vaut pour la DGSE comme pour la DCRI, chacune dans son domaine de compétence, et concerne tout particulièrement certains partenaires privilégiés, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou le Canada. Il n'existe donc pas de monopole en la matière.
Il me semble toutefois important d'assurer une fluidité satisfaisante de l'information et une gestion harmonisée des contacts de nos différents services, de manière à éviter que les contacts avec les services étrangers ne se traduisent par des distorsions, voire des surenchères de la part de ces derniers. Les services doivent donc s'informer mutuellement et en tant que de besoin de leurs contacts avec leurs partenaires étrangers. Conformément à ma lettre de mission, je suis amené, en cas de besoin, à rendre des arbitrages. Ainsi, si tel service étranger demande une coopération à un interlocuteur français, il me revient de décider s'il s'agit bien de l'interlocuteur pertinent pour ce contact.
J'évite, au demeurant, de m'ingérer dans les aspects opérationnels de la coopération entre les services, dont je suis cependant informé, et mes propres contacts se situent principalement au niveau des fonctionnaires qui exercent, quelles que soient par ailleurs les différences d'organisation entre les différents pays, des fonctions semblables aux miennes. Il s'agit par exemple, aux États-Unis, du Director of National Intelligence, ou DNI, le directeur national du renseignement, ou, en Grande-Bretagne, du conseiller qui, au cabinet du Premier ministre, coordonne les services de renseignements, avec des fonctions légèrement différentes des miennes, ou du fonctionnaire équivalent au cabinet de Mme Merkel. Cette organisation repose sur une certaine souplesse, mais des arbitrages doivent parfois être rendus pour éviter que plusieurs services ne mènent simultanément les mêmes démarches à l'étranger.
Quant à votre deuxième question, je doute que, si vous interrogiez nos amis britanniques sur les effectifs de leurs services en Afghanistan, ils ne vous apportent une réponse plus précise que celle que je pourrais vous fournir sur les nôtres. En effet, si l'on cite souvent les Britanniques en exemple dans le domaine du renseignement, ils sont souvent aussi un exemple de discrétion, en particulier sur ce point. En outre, comme vous le savez, les effectifs des services peuvent relever de différents statuts et évoluer en fonction des besoins sur le terrain. Je regrette donc de ne pas pouvoir répondre pleinement à votre curiosité.