Même après neuf mois de travail, il est encore prématuré, de tirer des conclusions quant à l'efficacité des services. C'est dans les prochains mois, au vu notamment de notre capacité à déjouer d'éventuelles tentatives d'attentats, que nous pourrons mesurer l'efficacité du nouveau dispositif.
Bien que la tâche n'ait pas toujours été facile, il me semble que les services, dont certains avaient tendance à s'auto-orienter, sont demandeurs d'orientations et de priorités de la part de l'autorité politique. Les services ne peuvent pas tout faire et la demande est immense, mais les moyens restent limités, même si le Livre blanc a prévu de les accroître. Il faut donc hiérarchiser les priorités et accepter d'avoir moins de renseignements pour certaines régions du monde, voire de faire l'impasse sur certains pays – étant entendu toutefois qu'il appartient à l'autorité politique de décider des choix en la matière. Les services, je le répète, sont preneurs d'orientations, et je ne rencontre pas de difficultés majeures pour obtenir d'eux ce que je leur demande. Il n'y a d'ailleurs rien que de normal à ce que les services répondent aux commandes.
Afin de connaître les priorités actuelles, nous avons dû dresser un état des lieux et demander à chaque service comment les moyens étaient répartis en fonction des régions, des pays ou des thèmes. Les réponses que nous avons reçues, assez détaillées, nous permettent de voir comment les moyens sont actuellement orientés, ce qui est utile pour savoir quelles sont les marges de manoeuvre et comment on pourrait faire évoluer ces orientations.
Pour ce qui est des qualités et des faiblesses des services, je relèverai tout d'abord que leurs faiblesses tiennent à une relative dispersion, qui rend nécessaire une coordination. Cependant, chaque service possède sa culture propre et il convient de faire de ces différences un avantage. Globalement, bien qu'ils soient moins étoffés que, par exemple, les services britanniques, les services français soutiennent parfaitement la comparaison avec les autres services européens.
De retour à Paris après plusieurs années passées en poste, je constate que la production des services est bien meilleure, notamment plus ciblée, que voilà 14 ans. La DGSE, en particulier, ne fait pas doublon avec le travail diplomatique et s'attache à apporter une valeur ajoutée par rapport aux analyses du réseau diplomatique. La qualité est donc en net progrès – c'est le cas par exemple des cartes fournies à l'appui des notes.
Sur le plan technique, les services vont engager, conformément aux recommandations du Livre blanc, un important effort d'investissement qui leur permet, sans avoir, bien évidemment, de moyens comparables à ceux des services américains, de tenir leur rang et d'être des interlocuteurs crédibles pour leurs partenaires, en particulier sur le terrain, notamment en Afghanistan, qui faisait, monsieur le président, l'objet de votre dernière question.
En Afghanistan, la priorité va au renseignement d'intérêt militaire, afin d'assurer la protection de nos forces et de leur procurer les renseignements dont elles ont besoin pour accomplir leurs missions. Sur ce point, les dispositifs de coordination du renseignement, tant entre services français qu'avec leurs partenaires alliés, paraissent satisfaisants.