J'apprécie, certes, la subtilité de vos analyses mais il me semble que les Turcs étaient étrangers en Allemagne jusqu'à une date récente, ce qui n'est pas le cas des Antillais en France, lesquels ont par ailleurs toujours cru, dès lors qu'ils adhéraient aux valeurs républicaines, qu'ils seraient les égaux des métropolitains. C'est parce que cette promesse n'a pas été tenue que la tentation d'un retour en arrière et d'une remise en cause du modèle national s'est développée. Les ex-colonisés, en voulant relater leur propre histoire, ne s'inscrivent donc pas dans une démarche communautariste mais ils visent à interpeller la société en lui rappelant les promesses du pacte républicain. Les lois mémorielles, sans être absolument satisfaisantes, tendent moins à isoler une communauté qu'à l'inscrire dans un ensemble national. Comment faire pour que ces mémoires singulières s'insèrent mieux encore au sein de la mémoire collective nationale ? Que pensez-vous, en outre, du débat qui a eu lieu autour de l'exposition de photographies de Zucca sur les Parisiens pendant l'Occupation ? Là aussi, la vision habituelle de l'histoire a été mise à mal.