Je ne pourrai sans doute pas rester avec vous jusqu'à la fin de cette audition car je dois rejoindre des amis ukrainiens avec qui je lutte pour que soit reconnu l'Holodomor ou « génocide par la faim ».
L'Histoire est moins une science qu'une herméneutique, comme le disait Paul Ricoeur. L'objectivité consiste en l'occurrence à laisser s'exprimer le plus grand nombre d'interprétations possibles.
L'article 4 de la loi à laquelle M. Ferro a fait allusion distingue l'enseignement supérieur, qui dispose bien entendu de toute latitude en matière de recherche, de l'enseignement secondaire ou primaire pour lequel je précisais qu'il était possible de parler « en particulier » du rôle positif de la France outre-mer ainsi que des sacrifices des troupes issues de l'outre-mer pour libérer notre pays. Comment faire preuve de scientificité en résumant un siècle en une page ? Les faits sont forcément sélectionnés et interprétés. Dans une classe où se trouvent des descendants de pieds-noirs, de harkis, de membres du FLN, chacun doit pouvoir se dire que ses aïeux ont accompli quelque chose de bien. Il y a eu un Alexandre Yersin en Indochine, un Alphonse Laveran à Constantine, des routes, des écoles, des hôpitaux ont été construits.
Enfin, le passage de l'enseignement scientifique de l'histoire à son enseignement scolaire ne doit-il pas être l'occasion, pour chacun, de mieux connaître sa mémoire ?