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Intervention de Hervé Morin

Réunion du 4 novembre 2008 à 16h15
Commission des affaires étrangères

Hervé Morin, ministre de la défense :

Le projet de LPM est cohérent avec le Livre blanc. Les contrats opérationnels fixés par le Livre blanc sont les suivants : capacité de projection, pour l'armée de terre, de 30 000 hommes sur un arc de crise allant de l'océan Atlantique à l'Afghanistan ; à long terme, 70 avions de combat sur ce même arc de crise ; capacité d'intervention de 5 000 hommes supplémentaires sur un théâtre secondaire ; capacité de 10 000 hommes sur le théâtre national.

Ce texte tire les conséquences du concept de sécurité nationale dans le champ de l'organisation des pouvoirs publics en créant un Conseil de défense et de sécurité nationale, dont une formation spécialisée sera le Conseil national du renseignement.

Il comporte un effort financier important orienté vers l'équipement. Sur six ans, de 2009 à 2015, nous percevrons 185 milliards en euros constants. Les crédits d'équipement passeront de 15,4 milliards en 2008 à 18 milliards à 2014, soit une moyenne de 17 milliards. L'effort de réduction du personnel nous permettra donc de dégager des volumes considérables pour l'équipement des forces.

Les choix capacitaires sont conformes à nos objectifs, notamment pour développer la fonction stratégique connaissance et anticipation : 700 postes de catégorie A seront créés au sein de la DGSE ; le programme européen d'observation MUSIS sera lancé, de même que le satellite d'écoute électromagnétique CERES ; le système intermédiaire de drone moyenne altitude longue endurance, SIDM, entrera en service ; un système d'alerte avancée pour les missiles sera mis en service à compter de 2020 ou 2021.

La modernisation de la dissuasion, assurance-vie de la nation, sera poursuivie. Le quatrième sous-marin nucléaire lanceur d'engins de nouvelle génération, sera doté du missile M51 dès 2010 et le premier escadron de Rafale à capacité nucléaire délivrant le missile air-sol moyenne portée amélioré, sera opérationnel la même année.

Les capacités d'intervention de nos forces armées sur l'arc de crise allant de la Mauritanie au Pakistan seront renforcées. Nous disposerons d'un parc de dix-huit frégates de premier rang. Après les livraisons des deux frégates Horizon en 2008 et 2009, la marine nationale disposera de la première frégate multimissions en 2012 et de la deuxième en 2014. La montée en puissance du Rafale se poursuivra. Les sous-marins nucléaires d'attaque, les SNA, seront progressivement remplacés à partir de 2017 par le Barracuda, qui délivrera le missile de croisière naval. Le déficit en aéromobilité terrestre sera résorbé grâce à la livraison de vingt-trois hélicoptères NH 90 et à la rénovation de vingt-quatre Cougar. Enfin, les véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI) remplaceront progressivement les VAB à raison d'un régiment par an, et le programme du soldat du futur FELIN s'accompagnera du renforcement en brouilleurs et matériels de surprotection des véhicules déployés.

À ce jour, 13 000 militaires français sont déployés en OPEX dans une trentaine d'opérations mais concentrés à plus de 95 % sur cinq théâtres : la Côte d'Ivoire, le Darfour – Tchad et République centrafricaine –, le Kosovo, le Liban et l'Afghanistan. Ces engagements extérieurs, sous pavillon de l'Union européenne ou de l'OTAN, mais toujours sous mandat de l'ONU, ont pour objectif : de maintenir la paix, de prévenir les crises et de dispenser de l'aide humanitaire ou de lutter contre le terrorisme. En outre, nous allons lancer une nouvelle mission de lutte contre la piraterie dans le Golfe d'Aden.

L'« afghanisation » des opérations est en cours. La montée en puissance de l'armée nationale afghane est une réalité. Nous espérons que ses effectifs passeront de 60 000 à 80 000 hommes au cours du premier semestre 2009. Conformément au souhait français, l'OTAN a engagé le transfert de la responsabilité d'un certain nombre de zones à l'armée nationale afghane (ANA), même si nous restons en « back-office » pour la soutenir : le centre de Kaboul le 28 août ; le Nord de la RCC – Regional Command Capital – le 12 août. L'idée est de transférer l'ensemble de la RCC avant l'été 2009.

De 2003 à 2005, nous étions perçus comme une armée de libération. Si nous n'accomplissons pas des progrès significatifs, le risque est que nous apparaissions comme une armée d'occupation. Cependant, je m'inscris en faux contre l'idée selon laquelle les Afghans voudraient nous voir partir : pour l'immense majorité de la population locale, le besoin de sécurité et la volonté de paix sont réels. La victoire ne saurait être uniquement militaire ; c'est en construisant les institutions de l'Afghanistan que nous nous mettrons en situation de partir, d'où l'effort colossal qu'accomplit la France dans la formation de l'ANA. Il convient de faire de même à l'égard de la police et de l'ensemble des institutions afghanes. L'aide au développement a été massif : 4 000 kilomètres de routes ont été construits, 80 % des Afghans ont accès à la santé, le système scolaire accueille 5,5 millions de jeunes et une quinzaine d'universités fonctionnent.

L'effort n'a donc pas été vain mais nous nous trouvons au milieu du gué car la situation s'est détériorée – la moitié des attaques, des attentats et autres embuscades ne sont du reste pas motivées par des intentions politiques mais cherchent simplement à déstabiliser une force internationale gênante pour les trafics des chefs de clan. La problématique est triple : il faut se garder de vouloir plaquer des institutions démocratiques occidentales sur ce pays féodal et tribal mais lui appliquer un modèle de gouvernance conforme à son histoire ; il faut favoriser le processus de discussion et de réconciliation nationale entre l'ensemble des communautés, clan et partis afghans, talibans inclus, dès lors qu'ils ont clairement accepté de revenir dans le jeu politique ; et puis, l'aide internationale doit gagner en efficacité.

Les deux candidats à la présidence américaine ont annoncé un renforcement substantiel des effectifs engagés – entre 10 000 et 15 000 hommes – en faisant glisser une partie de leur dispositif irakien, fort de 140 000 hommes. Il s'agit de développer les actions cinétiques – c'est-à-dire militaires – mais aussi celles en faveur de la réconciliation nationale..

L'objectif est de ramener le coût des OPEX en 2009 à 800 millions d'euros.

Je présenterai à la fin du mois des propositions de réduction de nos empreintes à l'extérieur, certaines petites opérations n'ayant plus guère de sens : en Côte d'Ivoire, dès lors que les élections auront eu lieu ; en Bosnie, où le contrat militaire a été rempli ; au Tchad, où nous espérons transférer l'opération EUFOR à l'ONU à compter du 15 mars.

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