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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 9 décembre 2008 à 11h15
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Vous m'avez également interrogé sur les relations franco-chinoises. Le Président de la République a rencontré le dalaï-lama à Gdansk, en territoire polonais, après une discussion avec les pays européens tributaires de leur production de charbon et handicapés de ce fait par le paquet « énergie-climat ». Le dalaï-lama est prix Nobel de la paix. Je l'ai rencontré à de multiples reprises sans que personne ne proteste. Je n'ai pas relevé non plus beaucoup de protestations lorsque M. Gordon Brown, Mme Angela Merkel ou le président Bush l'ont reçu. Je ne vois pas comment le Président de la République française pourrait être contraint, par une influence extérieure, de rencontrer ou de ne pas rencontrer qui il veut. Il est libre de ses choix !

Nous regrettons donc l'attitude de la Chine, que nous n'avons pas voulu offenser. Le Président de la République avait annoncé cette rencontre. Il a par ailleurs assisté à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Dans les deux cas, nous n'avons pas mis notre drapeau dans notre poche. Il faudra oublier très vite cet épisode. Peut-être nos amis chinois se rendront-ils compte que nous ne sommes pas les seuls. J'avais d'ailleurs proposé que les vingt-sept ministres des affaires étrangères rencontrent ensemble le dalaï-lama : cela aurait permis de couper court à toutes les critiques. Le dalaï-lama a rencontré le Premier ministre belge et le Premier Ministre tchèque sans que cela fasse polémique, il s'est adressé au Parlement européen réuni en séance plénière… Il faudra s'habituer à ce que cet homme, pacifique par définition, dialogue avec nous, même si nous regrettons que des groupes tibétains puissent être entraînés par l'absence de perspective à recourir à une violence que nous condamnons fortement. Le dalaï-lama ne s'est jamais départi de son attitude pacifique et n'a jamais demandé l'indépendance du Tibet. En conséquence, la France espère que cette polémique s'arrangera.

Au cours de sa campagne, M. Barak Obama a indiqué qu'il voulait dialoguer avec l'Iran. Nous en avons pris acte tout en soulignant que le dialogue avait commencé lors de la rencontre à Genève entre le « P5 + 1 », c'est-à-dire les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne et M. Saeed Djalili : c'était la première fois que les États-Unis y participaient. Pour ma part, j'ai pris part à de nombreuses rencontres. Tout en nous efforçant d'amorcer le dialogue, nous maintenons la pression. Cette association de la sanction et du dialogue est caractéristique de notre démarche.

Pour autant, les résolutions du Conseil de sécurité prévoyant des sanctions ont-elles été efficaces ? On peut en discuter longtemps : cela ne modifiera pas notre attitude. Nous faisons pleinement confiance à M. Obama. Si l'on veut éviter la guerre, il faut dialoguer.

Monsieur Roatta, il nous aurait été difficile d'accueillir le siège de l'Union pour la Méditerranée et d'en détenir en même temps la présidence. Nous avons retenu la candidature de Barcelone mais nous considérons que le secrétariat général doit revenir à un pays du Sud. Il nous faudra insister auprès des Tunisiens, qui nous ont opposé un premier refus pour ce poste. Nous avons entre-temps attribué les six postes de secrétaire général adjoint à la Turquie, l'Italie, la Grèce, Malte, Israël et la Palestine (c'est d'ailleurs la première fois que ces deux membres ont chacun un poste de ce niveau dans une instance internationale). Si la Tunisie persiste, la co-présidence française et égyptienne proposera que le secrétaire général soit choisi dans un autre pays du Sud. Toujours est-il que le projet avance, même sous l'aspect des financements.

La lutte contre les violences faites aux femmes, madame Fort, était une priorité de la présidence française de l'Union. Mme Rama Yade, qui s'est particulièrement consacrée à de dossier, a obtenu des progrès. Cela dit, les réunions ne suffisent pas : comme vous l'avez souligné, sur le terrain les choses empirent. C'est si facile de se retourner contre les femmes quand on est un homme ! On n'insistera jamais assez sur le rôle que joue l'hormone mâle dans ces violences et, plus généralement, dans toutes les guerres.

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