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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 9 décembre 2008 à 11h15
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Vous êtes bien pessimiste, monsieur de Charrette ! Je partage, hélas, votre sentiment, mais mon pessimisme ne m'empêchera pas de me battre pour que quelque chose soit fait.

Il n'est pas question d'envoyer des troupes au sol : l'aéroport de Goma est à 200 mètres de la frontière rwandaise. En revanche, nous pouvons être l'armature d'une force de protection et de sécurisation sans participer à la présence des troupes au sol et aux combats. Pour les raisons que Mme Marie-Louise Fort vient de souligner, je ne puis renoncer à protéger les populations. Si l'Europe n'en est pas capable, ce n'est pas la peine de s'inscrire dans cette formidable aventure qu'est la construction, depuis la guerre, d'une entente européenne fondée sur une morale pacifique. Il est légitime de se demander ce que font les 17 000 hommes qui sont déjà sur place mais, si l'on ne répond pas à la demande du secrétaire général des Nations unies, c'en est fini de la communauté internationale !

A Nairobi le 11 décembre, les deux envoyés spéciaux de M. Ban Ki-moon, MM. Olusegun Obasanjo et Benjamin Mkapa, rendront compte de leurs discussions avec le général Nkunda. Je suis persuadé qu'il faut une solution politique. Reste à savoir s'il y a une protection à apporter entre-temps. Je le pense mais je ne suis pas du tout sûr d'imposer ce point de vue.

Vous reprochez aux Africains de ne pas s'indigner, monsieur de Charrette. Sans doute, et ce pour des raisons qu'il serait trop long de détailler ici. Cela n'empêche pas l'Union africaine de partager notre avis et de s'occuper des problèmes africains. Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, est un responsable remarquablement intelligent et très désireux de s'engager. Pourtant, l'existence même de cette Union qui veut s'occuper de son propre destin contribue parfois à nous empêcher d'agir. On en a eu le triste exemple au Darfour, où la sécurisation proposée par la communauté internationale n'a pu se faire en raison de l'opposition du président Béchir et des réticences de l'Union africaine. La situation en RDC est comparable même si c'est à un moindre degré.

Contrairement à ce que vous semblez penser, les Américains veulent que les Nations unies adoptent rapidement une résolution sur le Congo. C'est au moins la preuve que l'on fait des efforts de part et d'autre. Nous devons y participer. Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre !

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