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Intervention de Caroline de la Marnierre

Réunion du 10 décembre 2008 à 9h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Caroline de la Marnierre :

Pour travailler depuis vingt ans avec des entreprises, je me suis forgé une opinion sévère. Je pense, comme vous, que nous n'avons rigoureusement aucune chance d'arriver à un pourcentage de femmes dans les conseils d'administration de l'ordre de celui qu'avait fixé la loi, une proportion au demeurant assez faible, si la législation n'est pas renforcée. Sans aller jusqu'à instituer une discrimination positive, comme le souhaitent certains, il faut faire davantage pour parvenir à un minimum d'équilibre dans les instances dirigeantes des entreprises.

À ce jour, on ne compte encore que 10 % de femmes dans les conseils d'administration et 6 % dans les comités exécutifs des entreprises du CAC 40. Cette situation est parfaitement inacceptable. Nous sommes très loin de celle qui prévaut au Canada et aux États-Unis, où la proportion des femmes dans les conseils d'administration et les comités exécutifs des cent plus grandes entreprises est respectivement de 16 et de 19 %. À l'autre bout du spectre, toujours pour les cent plus grandes entreprises, on ne compte que 2 % de femmes dans des fonctions exécutives au Japon et 4 % en Chine. En Europe, la disparité est très marquée selon que l'on considère les pays du Nord, notamment la Norvège, où la loi a fixé un quota de 40 %, ou les pays du Sud. En Norvège, la législation a permis de porter la proportion de femmes à 27 % dans les instances dirigeantes, conseils d'administration et comités exécutifs confondus. À ce jour, seules la Norvège et tout récemment l'Espagne ont légiféré. Aux États-Unis et au Canada, c'est une ferme incitation à la discrimination positive en faveur des femmes qui a permis un progrès significatif.

Les conseils d'administration sont, par nature, des instances très fermées, ouvertes seulement à un certain profil de responsables et encore moins aux femmes. Même si les chasseurs de têtes ont pour consigne de proposer aux postes exécutifs des candidatures pour moitié masculines et pour moitié féminines, au terme du processus, c'est le plus souvent un homme qui est recruté. La démarche est largement hypocrite. L'argument selon lequel il n'existerait pas de femmes aptes à remplir de telles fonctions est irrecevable, car le gisement de compétences est immense, et très nombreuses sont les femmes intéressées, disponibles, et prêtes à s'investir.

Le fait que les dirigeants ne souhaitent pas recruter des femmes à ces fonctions peut s'expliquer par un certain conservatisme, par une appréhension, par le fait aussi que les femmes n'hésitent pas à mettre les pieds dans le plat quand elles l'estiment nécessaire… Quoi qu'il en soit, l'ouverture ne se fait pas et bien trop nombreuses sont les entreprises qui se satisfont de pouvoir se « vanter » de compter une femme au sein de leur conseil d'administration.

Parallèlement, la terminologie a évolué, ce qui marque un progrès bienvenu. En effet, on ne parle plus tant de la place des femmes dans l'entreprise que de la nécessaire mixité et de l'enrichissement qu'apporterait un équilibre réel dans des conseils d'administration plus ouverts.

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