Autre problème : quid des plans pluriannuels d'accès aux emplois supérieurs ? La DGAFP demandait à chaque administration de fournir son plan pluriannuel. Dans notre rapport, nous en avions fait un bilan. Continuent-ils à être mis en oeuvre ? Je l'ignore.
On est loin de ce que j'ai appelé une volonté centrale forte et continue.
Pour le secteur privé, j'ai un point de vue mitigé, mais moins défavorable que pour la fonction publique. Certes, le rapport de situation comparée aurait pu faire un peu mieux – j'ai parlé des indicateurs supplémentaires qui auraient été utiles à la mesure des inégalités. Néanmoins, ce rapport peut servir de point d'appui à la négociation et à l'action. En outre, les entreprises privées sont motivées par le renouvellement des cadres, celles que j'ai rencontrées réfléchissant aux moyens d'attirer des femmes cadres supérieures et de les garder. Dans le cadre de leur participation à l'Observatoire de la parentalité, certaines s'intéressent donc à la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle et à des services liés à la parentalité, comme les crèches d'entreprise. À l'inverse, la fonction publique est en train de louper le coche pour le renouvellement quasi total des cadres supérieurs – qui doit se faire non pas demain, mais aujourd'hui.
À l'étranger, les lois norvégiennes sont très intéressantes. Elles ont imposé en 2003 et 2004 l'existence d'indicateurs, l'équilibre des sexes dans les conseils d'administration des sociétés cotées, mais aussi des sanctions très fortes : on ne peut créer une société qui ne respecterait pas la loi et celles qui existent peuvent être dissoutes... Ces dispositions ont suscité beaucoup de controverses, mais ont attiré l'attention des entreprises sur des talents qu'elles ne voyaient pas – donc sur la présence des femmes dans les conseils d'administration – et ont fait prendre conscience aux parents que leur fille pouvait accéder à des emplois qu'ils n'avaient jamais imaginés pour elle. Dans la foulée, se sont créés des réseaux de femmes, des forums pour croiser les informations sur les entreprises, et les choses sont allées très vite. Puisqu'en 2008 il y avait 40 % de femmes dans les conseils d'administration des sociétés cotées en Norvège. Certes, aucune société n'a été dissoute, mais on voit bien là la nécessité des sanctions, donc d'une volonté politique. Des représentants du ministère de l'égalité de Norvège en ont parlé à Lille, lors de la conférence européenne sur l'égalité professionnelle.