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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 29 octobre 2008 à 9h00
Commission élargie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Commençons par les états généraux sur la presse, dont le lancement récent a donné libre cours aux grands principes, comme celui du pluralisme : ne craignez-vous pas que ce soit le « baiser qui tue », quand la presse – mis à part quelques journaux confidentiels – continue d'étouffer au nom de la divine concentration ?

Êtes-vous d'accord avec notre collègue Frédéric Lefebvre, qui souhaite voir installer un observatoire déontologique de la presse, comme si c'était là le rôle des politiques ? Ne pensez-vous pas qu'il serait plus intéressant d'aider à la reconnaissance des rédactions ?

Où en êtes-vous de la réflexion sur les droits d'auteur des journalistes, qui peuvent voir leurs articles repris par des revues spécialisées appartenant au même groupe ?

Considérez-vous que les journaux en ligne soient des journaux et, partant, qu'il convient de baisser la TVA les concernant ?

Ne pensez-vous pas que le très mauvais taux de pénétration de la presse quotidienne soit dû davantage au nombre des journaux et à la concentration des groupes plutôt qu'au lectorat ? Pour éviter le saupoudrage de l'aide à la presse, ne conviendrait-il pas de distinguer entre la presse « citoyenne » –quotidiens et périodiques d'information générale – et la presse plus commerciale – magazines spécialisés ? S'il est vrai qu'un arbre peut cacher la forêt, il faut reconnaître que certains arbres se portent très bien.

S'agissant de l'audiovisuel, comment accepter l'idée que quelques grands groupes du CAC 40 obtiennent de l'État ce que leur stratégie inadéquate leur a fait manquer ? Bouygues, qui a totalement échoué dans le passage au numérique, va bénéficier d'un enrichissement sans cause. Pourtant, le Président de la République ne s'est jamais vanté d'aider les perdants !

La réforme que vous vous apprêtez à mener ne risque-t-elle pas de freiner la création ? Les nombreux aléas et l'absence de visibilité sur le financement de l'audiovisuel public font que tous les projets sont au point mort. Est-il logique que le service public en vienne à encourager, par ses mauvaises émissions, le succès de TF1, afin de profiter de la manne publicitaire qui reviendra à la chaîne privée ?

Je n'en peux plus d'entendre parler de concentrations ! Cela n'a jamais fonctionné en France. Lorsque M. Hersant rachète Le Dauphiné et Le Progrès, le nombre de lecteurs chute de 41 % ; lorsque M. Lagardère réunit Le Méridional et Le Provençal sous le titre La Provence, les ventes baissent de 35 % ; en revanche, lorsque Ouest France et Le Télégramme de Brest poursuivent leur concurrence, les ventes augmentent de 17 %. Ce ne sont pas la pensée unique ou le politiquement correct qui importent, mais le pluralisme ! Seules les concentrations conduites par de vrais groupes de presse, comme Bayard ou Amaury, fonctionnent. De grâce, madame la ministre, n'aidons pas par de fausses concentrations les amis du Président de la République, qui ne s'intéressent qu'à l'audience et à l'influence ?

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