Nous accueillons maintenant M. Denis Tillinac, que je remercie de s'être rendu disponible pour cette audition.
Journaliste et écrivain, vous venez de publier un Dictionnaire amoureux de la France dans lequel vous exprimez votre amour de notre pays dont vous dites volontiers qu'il est « de loin ce que l'histoire a tramé de mieux sur les cinq continents ». Vos écrits ont également contribué à réhabiliter « un patriotisme viscéral et généreux » et s'élèvent parfois contre les intellectuels adeptes de l'autodénigrement. En juillet 2005, le député maire de Bordeaux, Hugues Martin, vous a demandé de présider un comité de réflexion sur l'histoire de la traite des Noirs dans cette ville afin de définir une politique mémorielle. Au terme d'une étude marquée par le souci d'éviter l'anachronisme, vous préconisez un certain nombre de mesures placées sous le signe de cette « juste mémoire » que Paul Ricoeur appelait de ses voeux, comme en atteste la citation du philosophe qui figure en épigraphe de votre rapport : « Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donne le trop de mémoire ici, le trop plein d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire et d'oubli. L'idée d'une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués. » Nous sommes donc au coeur du sujet de notre mission. Qu'est-ce donc, selon vous, qu'une politique de la « juste mémoire » ?