Il est assez émouvant, Madame, Monsieur, de se trouver face à vous.
L'Histoire est à la fois une science universitaire et une discipline visant à former des citoyens. Vous avez été très clair sur ce second point : les lois mémorielles sont absolument nécessaires. Faut-il pour autant ne pas entendre les historiens estimant que le législateur n'a pas à se mêler de l'écriture de l'Histoire ? Ces derniers ne doivent-ils pas être absolument libres de mener à bien leurs travaux ? Ainsi la Shoah a-t-elle été une découverte relativement tardive, comme l'a montré Mme Wieviorka, puisque les Juifs rescapés étaient non seulement fort peu nombreux mais devaient avant tout songer à se reconstruire dès après la libération des camps. L'Histoire évolue donc, notamment, grâce à la recherche. Avons-nous dès lors le droit de brimer celle-ci ? Plus encore, le passage d'un texte mémoriel à une loi pénale ne risque-t-il pas d'affaiblir la vérité, comme l'a montré, je crois, Pascal Bruckner ? La vérité éclatante ne peut que confondre l'ignoble qui la nie !