Poser la question de la place de l'historien dans la société revient à poser celle de la place de l'histoire dans la société. Et l'on ne peut pas dire que le système de médiatisation est le seul responsable de la difficulté d'appropriation de l'histoire par les citoyens. La déconstruction du roman national n'a pas été si mal menée que cela, malgré certaines images qui demeurent. Cette déconstruction est déjà bien avancée, mais on l'a peut-être menée à l'extrême. Et je crains qu'à une vulgate qui était celle du roman national n'ait succédé une autre vulgate qui serait celle des histoires, des peuples, et des langues des France – pour être politiquement correct, on ne devrait donc plus parler d'histoire de France. Cette déconstruction de notre roman national ne favorise pas la médiation que nous souhaitons. Nous avons donc des efforts à faire en ce domaine et il me semble qu'il faudrait donner aux grands établissements culturels les moyens de remplir ce rôle.